Coupures de presse






L'Etat accorde un sursis au plus grand projet de biomasse en France, à Gardanne

Le tribunal administratif de Marseille avait, jeudi 8 juin, estimé insuffisante l'étude d'impact du projet et annulé son autorisation d'exploitation


Le préfet des Bouches-du-Rhône, Stéphane Bouillon, a signé, vendredi 9 juin, un arrêté permettant " à titre provisoire " la poursuite de l'exploitation de la centrale de Gardanne. Ce sursis accordé par l'Etat est justifié par le fait que la centrale biomasse " contribue de manière significative au renforcement de la qualité d'accès à l'énergie en Provence-Alpes-Côte d'Azur " et " fait partie des unités de production d'électricité dont le concours est indispensable, en particulier en cas de vague de froid et de risque majeur de coupure d'alimentation électrique ".

La veille, la société Uniper France Power (ex-E. ON, le grand groupe énergétique allemand) avait connu un énorme revers. Le tribunal administratif de Marseille avait en effet annulé, jeudi, l'autorisation d'exploitation accordée par l'Etat, en 2012, à la plus grande centrale biomasse de France, à Gardanne. Son propriétaire, Uniper, a, selon les juges, procédé à une étude d'impact insuffisante en n'analysant pas " les effets négatifs indirects et permanents du projet sur les espaces forestiers de la zone d'approvisionnement " de la centrale, située dans un rayon de 400 km.

En phase de tests finaux, la tranche 4 de l'ancienne centrale à charbon de Gardanne, reconvertie à la biomasse au prix d'un investissement de 256 millions d'euros, nécessitera, à l'horizon 2024, plus de 850 000 tonnes de bois par an dont 445 000 tonnes de bois forestier local, le reste provenant des déchets verts et autres bois de recyclage. Les juges observent qu'une telle consommation estimée à 37 % de la ressource forestière disponible dans un rayon de 250 km méritait une analyse des incidences prévisibles sur l'environnement ainsi qu'une information complète des populations concernées.

Lire aussi : Du charbon à la biomasse, la conversion contestée de la centrale de Gardanne

http://www.lemonde.fr/energies/article/2016/03/08/conversion-contestee-de-la-centrale-de-gardanne_4878500_1653054.html
http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/01/25/le-scenario-d-une-france-100-renouvelable_5068583_3244.html

" On est ravi par ce jugement ", déclare Frédéric Jacquemart, vice-président de Cèze et Ganière, une association écologiste d'Ardèche, vent debout contre la centrale de Gardanne, " ce véritable aspirateur de forêts qui convoite les châtaigneraies des Cévennes ". Les opposants au projet dénoncent, non pas la biomasse mais son gigantisme. Parmi les demandeurs à l'annulation de l'arrêté d'exploitation figurent une dizaine d'associations de défense de l'environnement, mais aussi le parc naturel régional du Lubéron et celui du Verdon ainsi que deux communautés de communes des Alpes-de-Haute-Provence qui redoutent la déforestation de leurs paysages.

L'Etat a toujours soutenu le projet

Député et maire de Forcalquier, aujourd'hui porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner justifiait, en mars 2016, ce recours devant le tribunal administratif par la démesure de la centrale : " De tels volumes, ce n'est pas tenable pour une gestion raisonnée de la forêt. Je suis pour la biomasse, pas pour de tels monstres qu'il va falloir alimenter la gueule ouverte. "

L'Etat a toujours apporté son soutien à ce projet-clé de sa politique de transition énergétique visant à porter d'ici à 2020 la part des énergies renouvelables à 23 %. D'une puissance de 150 mégawatts électriques (MWe), la centrale de Gardanne devrait couvrir 3 % de la consommation électrique régionale.

L'Etat s'est engagé à racheter pendant vingt ans l'électricité produite par Uniper, soit 70 millions d'euros par an. Le ministère de l'environnement a la possibilité de faire appel de ce jugement qui barre la route à l'exploitation de la centrale. Ce dossier que d'aucuns qualifient de " fausse bonne idée écologique " devrait donc compter parmi les premiers travaux pratiques du ministre Nicolas Hulot. Une nouvelle étude d'impact élargie pourrait conduire à un nouvel arrêté d'exploitation.

L'avocat d'Uniper, maître Frédéric Defradas, estime que " c'est comme si, pour la construction d'une autoroute, l'étude d'impact devait analyser les conditions d'exploitation des carrières. C'est aller trop loin ". Menaçant de supprimer les subventions allouées aux deux parcs naturels régionaux comptant parmi les requérants, Renaud Muselier, président (LR) du Conseil régional " s'indigne " de la décision du tribunal. " L'écologie, écrit-il dans un communiqué, doit être mise au service de l'économie pour faire de la croissance verte un atout ".

En réponse au choix offert par l'Etat de cesser ses activités ou de lancer une nouvelle étude d'impact élargie à toute sa zone d'approvisionnement, Uniper France a fait savoir, vendredi dans un communiqué, qu'elle entendait poursuivre provisoirement l'exploitation de la biomasse. La société dispose de neuf mois pour déposer une nouvelle demande d'autorisation d'exploitation. Elle fera appel d'un jugement qualifié de " très pénalisant pour un acteur résolument engagé dans la transition énergétique ". Selon son président, Luc Poyer, " même s'il s'agit d'un coup dur pour les énergies vertes dans ce pays, nous restons convaincus du bien-fondé de ce projet ".

LE MONDE | 08.06.2017 à 13h06 o Mis à jour le 09.06.2017




La justice met un coup d'arrêt au projet biomasse de la centrale de Gardanne

La décision était attendue. Elle n'en reste pas moins un coup de tonnerre. Jeudi, le tribunal administratif a annulé l'autorisation préfectorale d'exploitation et de conversion à la biomasse de la centrale de Gardanne

Nous nous en étions fait l'écho en décembre dernier dans ces mêmes colonnes. Associations et collectivités opposées au projet de la tranche biomasse (fonctionnant au bois) de la centrale de Provence, à Gardanne, avaient bon espoir que leurs arguments soient entendus par la justice administrative, qu'ils avaient saisie en plusieurs vagues, entre 2013 et 2014. En jeu, l'autorisation préfectorale de novembre 2012 permettant à l'exploitant de la centrale de convertir sa tranche 4 du charbon à la biomasse et plus généralement de continuer à exploiter l'ensemble du site de production d'électricité, charbon et bois mêlés.

Biomasse : la centrale de Gardanne perd son autorisation d'exploitation

Le 27 avril, un premier gros coup de froid avait fait s'enrhumer Uniper, exploitant de la centrale et filiale de l'électricien allemand E.On. Le rapporteur public avait en effet recommandé l'annulation de l'autorisation préfectorale. "À partir de là, on n'avait pas trop de doute : à 90%, le tribunal suit son avis", soupire Nadir Hadjali, secrétaire général adjoint de la section CGT de la centrale, syndicat qui s'est beaucoup investi dans le projet de conversion à la biomasse.

Le tribunal marseillais a donc rendu sa décision jeudi matin, prononçant l'annulation de l'autorisation d'exploitation de la centrale. La justice administrative a en fait retenu le coeur de l'argumentation des opposants au projet, à savoir les critiques sur l'étude d'impact de la nouvelle tranche au bois issu des déchets verts, de la récupération mais aussi de coupes forestières.

"Un dinosaure trop grand, inadapté au contexte actuel"

Et c'est là que le bât blesse, selon la justice : en 2012, l'enquête publique préalable à l'autorisation avait retenu un rayon de 3 km autour de la centrale pour évaluer l'impact de l'activité biomasse. Ceci quand le périmètre d'approvisionnement en bois de coupe était, lui, établi à 400 km autour de Gardanne. Le tribunal a donc jugé " l'étude d'impact insuffisante, dès lors qu'elle ne comporte pas d'analyse des effets indirects et permanents de la centrale sur les zones de prélèvement en bois " et que ladite étude avait été sous-dimensionnée au regard de " l'importance de l'installation " gardannaise. Cette insuffisance "a eu pour effet de nuire à l'information complète de la population au stade de l'enquête publique et a été de nature à exercer une influence sur la décision de l'autorité administrative", complètent les juges.

À Gardanne, un coup de froid sur la conversion à la biomasse

Le coup d'arrêt au projet biomasse, essentiel à l'avenir du site, et ce à quelques semaines de la fin des tests et de l'entrée en production industrielle - "selon les dernières informations de la direction, on devait être raccordés au réseau en août", précise la CGT de la centrale -, inquiète évidemment les 162 salariés gardannais d'Uniper (chiffre de la direction, le syndicat revendique 180 employés).

À l'opposé, du côté des opposants au projet qui avaient saisi le tribunal administratif, France nature environnement (FNE) "ne saute pas de joie", mais se contente de constater que la décision judiciaire "conforte notre analyse : Gardanne est une monstruosité, un dinosaure, trop grand et totalement inadapté au contexte actuel", considère Hervé Le Bouler, en charge du réseau forêt à FNE, association par ailleurs partisane de la filière bois-énergie. "Mais pour un maillage de petites chaudières collectives, poursuit-il. pas pour un mastodonte qui crée un monopole d'achat de la ressource et déséquilibre la forêt régionale et surestime la ressource en bois réellement disponible : 1 m3 de bois sur le terrain, ça n'est pas 1 m3 de bois sur le marché".

L'État et/ou Uniper vont-ils faire appel de la décision ? Jeudi, aucun des deux n'a donné suite à nos demandes d'entretien.



Les élus réagissent

Renaud Muselier, président LR de la Région Paca : "Je suis effaré par cette décision qui met en péril tout un pan de l'industrie économique régionale. Ce sont plus de 400 emplois à terme sur notre territoire qui sont ainsi menacés, un investissement de 300 millions d'euros qui est remis en cause et les 65 millions d'euros du plan d'approvisionnement qui échapperaient à nos entreprises régionales. D'ici à 2025, cette centrale doit nous permettre d'assurer une production équivalente à l'approvisionnement d'un quart des ménages de la région en électricité verte. (...) Aujourd'hui, personne ne peut comprendre cette décision de justice qui s'avèrera, si elle était confirmée en appel, être une catastrophe économique et environnementale mais aussi une faute morale impardonnable.

Les Suisses tournent le dos au nucléaire

François-Michel Lambert, député UDE : "J'alerte depuis des années. Tout le monde a fait la politique de l'autruche : l'Etat, Ségolène Royal, les élus locaux, les représentants des salariés... Ils ont toujours refusé le dialogue, personne ne s'est penché sur l'avenir économique de ce territoire à moyen terme. J'ai toujours dit que je n'avais pas confiance dans E.on-Uniper : je vous prédis que dans quelques semaines, l'industriel annoncera la fermeture de la centrale... Il n'y a jamais eu de concertation, j'ai de mon côté présenté une solution de biomasse alternative, comme les micro-algues ; ça marche en Algérie, pourquoi pas ici ? Mais il n'y a aucune volonté de l'industriel".

Roger Mei, maire PCF de Gardanne : "J'apprends avec stupeur la décision du tribunal administratif (...) C'est un coup dur pour les salariés du site d'Uniper, et pour Gardanne (...). La région manque d'emplois. Son approvisionnement énergétique est fragile. Et les défis environnementaux sont dans les esprits de tous. Uniper et Alteo, encouragés par la ville, en ont bien conscience et travaillent à des projets de résidus d'exploitation, boues rouges et cendres. Le projet biomasse prévoit de passer à l'horizon 2026 à 55% d'approvisionnement en bois local, soit 460 000 tonnes. (...) En France la forêt croit de 50 000 à 80 000 hectares par an. L'objectif de l'industriel, validé par l'État, est très atteignable (...) J'ai sollicité immédiatement le Préfet Bouillon pour lui demander de laisser le temps à l'entreprise de répondre aux points soulevés par le tribunal administratif. Il en va de la survie de cette entreprise."



Les repères

Deux tranches
La centrale de Provence possède deux tranches de production d'électricité, l'une classique au charbon ; l'autre en cours de conversion à la biomasse qui fonctionnera à majorité de bois, complété de charbon. D'une puissance de 150 mégawatts, elle serait la plus importante de France.

250 millions d'euros
Le coût de la conversion de la tranche 4, selon Uniper, financé sur fonds propres.

115€
Le prix du rachat du mégawatt-heure produit par la biomasse. Prix garanti par l'État à l'exploitant pour une durée de vingt ans et largement au-dessus de la moyenne du marché français (35€ le MWh).

850 000 tonnes de bois
La consommation annuelle prévisionnelle de la tranche biomasse, dont une moitié provenant de coupes forestières. 450 000 tonnes devraient provenir des forêts du grand Sud-Est d'ici 2024.

LaProvence / Guénaël Lemouée / Vendredi 09/06/2017 à 10H25




La justice interdit l'exploitation de la centrale à biomasse de Gardanne

Cette ancienne centrale à charbon de Provence-Alpes-Côte d'Azur était très critiquée depuis 2016, alors qu'elle devait passer en centrale à biomasse.
C'est l'aboutissement d'un dossier qui divise les écologistes et les défenseurs de l'emploi à Meyreuil (Bouches-du-Rhône). La conversion de la centrale au charbon de Gardanne en usine à biomasse (la matière vivante végétale, essentiellement du bois) fait l'objet d'affrontements depuis plusieurs années. Son exploitation est désormais empêchée par le tribunal administratif de Marseille.

Étude d'impact insuffisante

Dans une décision rendue ce jeudi, le tribunal estime que son exploitant, le groupe allemand Uniper, n'avait pas suffisamment évalué son impact sur les forêts du Sud-Est avant la construction de cette centrale calibrée pour brûler des centaines de milliers de tonnes de bois par an. De ce fait, la population n'a pas eu droit à une "information complète" sur les effets de cette transformation.

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La centrale de Gardanne comporte deux unités, l'une au charbon et l'autre fonctionnant en brûlant du bois. L'ensemble n'est pas encore en service, mais a déjà tourné à plein régime pour des tests et a déjà injecté de l'électricité dans le réseau.

80 emplois directs

Même s'il est étiqueté "énergie renouvelable", le projet faisait craindre aux associations une catastrophe écologique, notamment pour l'approvisionnement en bois dans la région. Or l'étude d'impact et l'évaluation Natura 2000 n'ont porté que sur un périmètre de trois kilomètres autour de l'installation, alors que la centrale prévoit de brûler du bois coupé dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres. "L'impact des rotations de camions qui alimenteront la centrale et la pollution atmosphérique (particules fines, dioxines, CO2) ont également été insuffisamment pris en compte", soulignent les juges.

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D'une puissance de 150 mégawatts, la centrale biomasse de Gardanne, destinée à être la plus grande de ce type en France, représente un investissement de 250 millions d'euros et génère selon son exploitant 80 emplois directs. Elle doit fournir à terme 6% de la production d'électricité de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur... et consommer 850 000 tonnes de bois par an, pour moitié des déchets, pour moitié du bois issu de coupes forestières.

Par LEXPRESS.fr , publié le 08/06/2017 à 13:21




Centrale Biomasse de Gardanne : la justice annule l'autorisation d'exploiter

Le tribunal administratif de Marseille a annulé l'autorisation d'exploitation de la centrale biomasse de Gardanne. En cause, l'absence de prise en compte des impacts indirects de son approvisionnement, et en particulier les défrichements fragmentés.


© Philippe Collet Site de stockage de la biomasse d'une capacité de 3.500 tonnes, soit un à deux jours de consommation
Jeudi 8 juin, le tribunal administratif de Marseille (Bouches-du-Rhône) a annulé l'autorisation d'exploitation de la centrale biomasse de Gardanne. Le tribunal estime que l'étude d'impact est insuffisante compte tenu de l'ampleur du projet. "L'étude d'impact n'est pas proportionnée à l'importance et à la nature du projet", expliquent les juges, après avoir rappelé que la centrale biomasse consommera "au moins 25%" des ressources forestières locales disponibles. L'exploitant aurait notamment dû analyser les effets environnementaux indirects de l'installation. L'évaluation de l'impact cumulé des défrichements nécessaires à l'approvisionnement de l'unité est l'un des principaux oublis de l'étude d'impact présenté par l'exploitant. Il s'agit là d'une insuffisance substantielle, estime le tribunal.

La centrale de Gardanne avait été retenue dans le cadre du quatrième appel à projets biomasse de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) pour convertir son unité 4 du charbon à la biomasse. Début 2016, l'unité de 150 mégawatts est quasiment prête à fonctionner. Après plus de deux ans de travaux, Uniper (anciennement E.On), espérait lancer la production au cours du second semestre 2016. A pleine puissance, elle devait consommer 850.000 tonnes de bois pour fournir 6% de la production d'électricité de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. La moitié de l'alimentation de la centrale devait être constituée de bois issu de coupes forestières, l'autre moitié devait provenir de résidus d'élagage et de déchets de bois. L'autorisation d'exploiter avait été délivrée par le préfet des Bouches-du- Rhône le 29 novembre 2012. Elle faisait l'objet d'un recours déposé par les parcs naturels régionaux du Verdon et du Lubéron, deux communautés de communes des Alpes-de-Haute-Provence et plusieurs associations de défense de l'environnement qui estimaient notamment que l'étude d'impact et de l'évaluation Natura 2000 était insuffisante, car elles portent sur un périmètre de trois kilomètres autour de l'installation sans tenir compte des sites de prélèvement en bois forestier.

Défrichements fragmentés

Le tribunal rappelle que la réglementation impose que l'étude d'impact analyse "toutes les incidences prévisibles sur l'environnement qu'un projet (…) est susceptible d'avoir", y compris "les " effets indirects " de l'installation classée sur les sites et les paysages et sur les milieux naturels et les équilibres biologiques". Dans son étude d'impact, Uniper estime que la centrale consommera 25% du gisement disponible dans un rayon de 250 kilomètres. En février 2015, cette part est portée à 37% de la ressource forestière locale disponible à l'horizon 2024. "Contrairement aux allégations de la société pétitionnaire, le prélèvement en ressources forestières locales ne peut être regardé comme ayant un impact " très mesuré et non significatif sur le gisement disponible "", juge le tribunal. Pour preuve, expliquent les juges, Uniper devra, dans un premier temps, importer des plaquettes forestières depuis le continent américain et, dans un second temps, s'approvisionner en Bourgogne et dans les Pyrénées.

Le débat porte en particulier sur l'impact des défrichements. Uniper juge qu'elle n'est pas tenue d'évaluer ces impacts indirects, car elle n'exploite pas elle-même directement les activités de production et de fourniture de bois. Le tribunal admet, qu'il n'y a pas de lien fonctionnel entre l'exploitation forestière et la centrale. Par ailleurs, les défrichements font l'objet d'autorisations préfectorales spécifiques. Mais, il rappelle aussi que les défrichements portant sur une superficie totale, même fragmentée, égale ou supérieure à 25 hectares, sont soumis à étude d'impact. "L'absence de prise en considération de l'effet cumulatif de plusieurs projets ne doit pas avoir pour effet de les soustraire dans leur totalité à l'obligation d'évaluation alors que, pris ensemble, ils sont susceptibles d'avoir des incidences notables sur l'environnement", explique-t-il.

Début 2016, Uniper expliquait que l'unité devait se fournir dans un rayon de 250 km pour couvrir 85% de son approvisionnement local. Cet approvisionnement local représentait près de 385.000 de tonnes, soit 45% de l'ensemble des besoins de l'unité. Il était composé à 43% de bois d'origine forestière (165.000 tonnes) et à 57% de bois d'élagage (220.000 tonnes). Parmi le "bois d'élagage" figuraient des déchets verts, mais aussi 10.000 tonnes de déchets de classe A (bois non traité) et 7.500 tonnes de déchets de classe B (bois faiblement traité). Les 55% restant (approximativement 465.000 tonnes) devaient être importés.
Philippe Collet, journaliste
Rédacteur spécialisé

Actu-environnement / Energie | 08 juin 2017 | Philippe Collet



La justice condamne la centrale biomasse de Gardanne


Le tribunal administratif annule l'autorisation d'exploitation, estimant que les études d'impact environnementales ont été insuffisantes.

La transition énergétique a bien du mal à passer à Gardanne (Bouches-du-Rhône). Le tribunal administratif de Marseille a annulé mercredi 8 juin l'autorisation d'exploitation de ce qui devait être la plus grande centrale biomasse de France, à Gardanne (Bouches-du-Rhône) et qui est déjà en phase de tests depuis le début de l'année.

Plusieurs associations de défense de l'environnement ainsi que les parcs naturels régionaux du Verdon et du Lubéron avaient attaqué cette autorisation d'exploitation, délivrée par le préfet des Bouches-du-Rhône en novembre 2012. Le tribunal a suivi l'avis du rapporteur public.

Des études d'impact insuffisantes

Les juges estiment que l'exploitant de la centrale, l'énergéticien allemand Uniper (E.ON) n'a pas suffisamment évalué les conséquences sur les forêts du Sud-Est que devrait avoir la consommation de quelque 850 000 tonnes de bois par an, soit 35 % du gisement forestier disponibles dans un rayon de 250 kilomètres. Une moitié environ devait venir de coupes forestières et une autre moitié de résidus d'élagage et de bois en fin de vie.

À lire : Nouvelles menaces sur la centrale biomasse de Gardanne

" L'insuffisance de l'étude d'impact " du projet " a eu pour effet de nuire à l'information complète de la population " avant la construction de cette centrale.

L'étude d'impact et l'évaluation Natura 2000 n'ont porté que sur un périmètre de trois kilomètres autour de l'installation, alors que la centrale prévoit de brûler du bois coupé dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres, estiment les juges. L'impact des rotations de camions qui alimenteront la centrale et la pollution atmosphérique (particules fines, dioxines, CO2) ont également été insuffisamment pris en compte, soulignent-ils.

Un symbole de la transition énergétique

Cette décision représente évidemment un énorme revers pour les dirigeants d'Uniper. L'affaire pourrait être portée en appel, voire devant le Conseil d'État. Mais cela va impliquer, dans le meilleur cas, des retards très importants de mise en route, alors que beaucoup d'argent a déjà été engagé.

D'une puissance de 150 mégawatts, la centrale biomasse de Gardanne représente un investissement de 250 millions d'euros et génère selon son exploitant 80 emplois directs. Elle doit fournir à terme 6 % de la production d'électricité de Provence-Alpes-Côte d'Azur, une région qui, justement, ne produit pas assez de courant.

Il s'agit également d'un revers pour les autorités qui ont toujours soutenu la conversion en biomasse d'une des deux unités de la centrale charbon de Gardanne. Le projet, soutenu par la mairie et les syndicats, était même présenté comme un symbole de la transition énergétique et exemplaire dans une cité qui exploite du charbon depuis quatre siècles.

À lire : Hausse mondiale des emplois dans le secteur des énergies renouvelables

Incompréhension chez Uniper

Les dirigeants d'Uniper se défendent d'avoir enfreint la réglementation, en soulignant que la réglementation en vigueur lors du lancement du projet n'imposait pas les études d'impact sur l'ensemble de la cinquantaine de sites, censés alimenter la centrale. Ils mettent en avant les 350 000 tonnes de déchets verts qui seront consommés chaque année par la centrale et rappellent que ce sont les autorités elles-mêmes qui avaient demandé que le bois utilisé vienne le plus possible de la région. Au démarrage de la centrale, 55 % du bois sera importé, mais l'objectif est d'arriver en 2026 à, un approvisionnement 100 % local.

Dans sa délibération, le tribunal administratif de Marseille cite d'ailleurs une étude d'approvisionnement réalisé en 2011 par Uniper soulignant que " la structure actuelle de la filière bois-énergie ne permettra pas de répondre aux exigences de fonctionnement de la centrale ", justifiant ainsi le recours à du bois venant de l'étranger.

LaCroix / le 08/06/2017 à 16h31 / Jean-Claude Bourbon


27 avril 2017

Centrale biomasse de Gardanne: le rapporteur public contre l'autorisation d'exploitation

Le rapporteur public a conclu jeudi devant le tribunal administratif de Marseille à l'annulation de l'arrêté du préfet des Bouches-du-Rhône qui, en 2012, avait accordé l'autorisation d'exploiter la centrale biomasse de Gardanne (Bouches-du-Rhône), jugeant l'étude d'impact réalisée "insuffisante".
Dénoncé par ses opposants pour son gigantisme, le projet de la centrale biomasse de Gardanne (Bouches-du-Rhône), qui entre dans la politique gouvernementale de transition énergétique, est contesté par des associations de défense de l'environnement locales, par des communes des Alpes-de-Haute Provence et par les parcs naturels régionaux du Verdon et du Lubéron, soucieux de préserver leurs paysages boisés.

Quatorze requérants avaient ainsi saisi le tribunal qui rendra d'ici quelques semaines sa décision, sans être tenu par les conclusions du rapporteur public.
De son côté, l'exploitant Uniper, filiale du groupe énergétique allemand E.On, a fait valoir un investissement déjà réalisé de 250 millions d'euros et 80 emplois directs dans cette centrale, la plus importante unité de France où se tiennent les derniers essais et réglages.

Après son passage du charbon à la biomasse, la tranche 4 de la centrale thermique de Gardanne doit fonctionner 7.500 heures par an avec une puissance électrique de 150 mégawatts, au moyen de 855.000 tonnes de bois chaque année - dont la moitié de bois forestier, l'autre moitié composée de résidus d'élagage et de bois en fin de vie.

Le plan d'approvisionnement de la centrale vise à réduire progressivement la part de bois importé pour ne consommer, en 2026, que du bois local prélevé dans un périmètre de 400 kilomètres autour de Gardanne.

Le rapporteur public a considéré que l'étude d'impact, qui a précédé l'autorisation préfectorale, a été "insuffisante en ce qui concerne les effets négatifs, indirects et permanents du projet sur les espaces forestiers du secteur". Selon lui, cette étude, qui s'est limitée à cinq communes dans un rayon de trois kilomètres autour de la centrale, aurait dû mesurer plus largement les incidences du plan d'approvisionnement sur les paysages et la biodiversité.

Pour l'avocat d'Uniper, Me Frédéric Defradas, la réglementation ne contraignait pas à ce que l'étude d'impact englobe "les cinquantaines de sites exploités" par les entreprises forestières appelées à fournir Uniper.

Les défenseurs des requérants, Mes Mathieu Victoria et Eric Posak, ont aussi fait observer qu'aucune étude d'incidence n'a été menée au titre des zones Natura 2000 alors qu'elles sont nombreuses dans le périmètre d'approvisionnement.

Le Parisien| / AFP



Le rapporteur public demande l’annulation de l’arrêté du préfet des Bouches-du-Rhône, qui avait autorisé l’exploitation de la centrale biomasse de Gardanne en 2012. Il juge l'étude d'impact réalisée insuffisante.

Les opposants qui dénoncent le projet de la centrale biomasse de Gardanne peuvent avoir le sourire. Jeudi, le rapporteur public a présenté ses conclusions devant le tribunal administratif de Marseille. Gilles Fedi a demandé l'annulation de l’arrêté préfectoral du 29 novembre 2012 autorisant l’exploitation de la tranche biomasse de la centrale thermique de Gardanne.
Une bonne nouvelle pour les quatorze requérants qui avaient saisi le tribunal, même si ce dernier n'est pas tenu de suivre les conclusions du rapporteur public. Le rapporteur public demande l’annulation de l’arrêté du préfet des Bouches-du-Rhône, qui avait autorisé l’exploitation de la centrale biomasse de Gardanne en 2012. Il juge l'étude d'impact réalisée insuffisante.

Mesurer plus largement les effets négatifs

Le rapporteur s'appuie principalement sur l’insuffisance de l’étude d’impact qui a précédé l'autorisation préfectorale. Selon le magistrat administratif, cette étude, qui s'est limitée à cinq communes dans un rayon de 3 kilomètres autour de la centrale, ne contient pas d’analyse des effets négatifs indirects et permanents du projet sur l’environnement, les paysages, l’approvisionnement, et la production de bois.
Toujours selon lui, "il est important de mesurer l’impact à long terme du projet sur l’environnement, le prélèvement risque de tarir la ressource pour les autres acteurs."

1.800 tonnes de bois brûlées par jour

Alors que la tranche biomasse de la centrale doit consommer 1800 tonnes de bois par jour, le rapporteur déplore :
"l'étude initiale ne dit rien sur les rotations quotidiennes des poids-lourds, on nous dit 250 par jour…"
"L’évaluation du projet d’exploitation n’a pas été présentée à la population, souligne-t-il. Il ajoute :"l'information complète à la population concernant les effets de l’exploitation n’a pas été respectée (…), l'insuffisance de l’étude d’impact a eu pour effet de nuire à l’information du public."

Quelles incidences sur les zones Natura 2000 ?

Voilà de quoi conforter les riverains de la centrale de Gardanne, les associations de défense de l’environnement, le parc naturel Régional du Luberon et du Verdon, les communautés de commune du pays de Forcalquier et de Banon qui s'opposent au projet.
Leurs avocats, Mathieu Victoria et Eric Posak, ont souligné que le rayon d’approvisionnement de la centrale thermique s’étend sur 450 kilomètres et qu'aucune étude d’incidence n'a été réalisée sur les multiples zones Natura 2000 en Paca, Occitanie et Bourgogne.
Le site n’est toujours pas en activité, alors que l’exploitation industrielle devait commencer en 2014.

250 millions d'euros d'investissements

Par la voix de son avocat Frédéric Defradas, l'exploitant Uniper, filiale du groupe énergétique allemand E.On, a mis en avant les 250 millions d'euros d'investissements et les 80 emplois directs liés dans cette centrale, la plus importante unité de France.
"Nous avons fait l’étude d’impact qui était applicable à l’époque, nous avons scrupuleusement respecté la législation"En fin d’audience, l'avocat d’Uniper a précisé à la demande de la présidente Anita Haasser, que le bois utilisé vient du Brésil et d’Espagne, les granulés proviennent de la production locale. Le jugement a été mis en délibéré.

La plus grosse centrale biomasse de France

Auparavant, la centrale thermique de Gardanne produisait de l’électricité grâce au charbon extrait des mines. La tranche 4, est passée à la biomasse dans le cadre de la loi « Grenelle 1 », dont l’objectif est de porter la part des énergies renouvelables à au moins 23%.
En février 2012 E. ON, la société mère d’Uniper, obtient par arrêté ministériel, l’autorisation d’exploiter l’installation et de produire de l’électricité en utilisant de la biomasse. Le 29 novembre 2012, le préfet des Bouches-du-Rhône signe un arrêté autorisant l’exploitation de la centrale biomasse.
Prévue initialement pour entrer en production en 2014 puis en 2016, la tranche 4 n’est toujours pas en service.

L’exploitant prévoit de faire fonctionner son installation 7 500 heures par an, produire 250 MW soit 6 % de l’électricité de la région et 3 % de la consommation, au moyen de 855.000 tonnes de bois, chaque année.

FranceInfo, 28 avril 2017 / Par AV avec Jean-François Giorgetti



Nouvelles menaces sur la centrale biomasse de Gardanne

Devant le tribunal administratif, le rapporteur public a demandé jeudi 27 avril l’annulation de ce projet, qui serait la plus grande centrale au bois de France.
Les associations de défense de l’environnement évoquent un risque de déforestation massive, en particulier dans le Lubéron.

Les opposants au projet de transformation d’une partie de la centrale charbon de Gardanne (Bouches-du-Rhône) en plus grande centrale biomasse française finiront-ils par obtenir gain de cause ? Ils ont en tout cas gagné une première manche, jeudi 27 avril, devant le tribunal administratif de Marseille.
Le rapporteur public a en effet demandé l’annulation de l’arrêté du préfet des Bouches-du-Rhône qui avait autorisé en 2012 l’exploitation de cette centrale biomasse, jugeant l’étude d’impact réalisée « insuffisante ».
Le tribunal doit rendre sa décision d’ici à la mi mai, sans être tenu par les conclusions du rapporteur public.

Un symbole de la transition énergétique, selon le gouvernement

À l’origine du projet, Uniper regroupe la production d’énergie non renouvelable de l’allemand E.ON. Cette société a déjà investi près de 300 millions d’euros dans la reconversion de l’une des deux unités de la centrale thermique. Le projet est quasiment achevé. La centrale biomasse est connectée au réseau depuis janvier et a commencé à produire depuis quelques jours pour des essais. L’autre unité de Gardanne, de 600 MW, continue de fonctionner au charbon
La municipalité communiste de Gardanne soutient le dossier, ainsi que la CGT, au nom de la défense des 80 emplois prévus sur ce site qui appartenait auparavant à la SNET, filiale de production d’électricité de Charbonnages de France.
Le gouvernement y voit, de son côté, un symbole de la transition énergétique dans cette ancienne cité minière, marquée par quatre siècles d’exploitation du charbon, dont le dernier puits a fermé en 2003.
Après son passage du charbon à la biomasse, la tranche 4 de la centrale thermique de Gardanne doit fonctionner 7 500 heures par an, avec une puissance électrique de 150 mégawatts, au moyen de 8 000 tonnes de bois chaque année – dont la moitié de bois forestier, l’autre moitié composée de résidus d’élagage et de bois en fin de vie.

Le rapport regrette le manque de concertation

Mais les opposants sont nombreux. Il y a les associations locales de défense de l’environnement des communes des Alpes-de-Haute Provence et les parcs naturels régionaux du Verdon et du Lubéron, qui contestent le projet au nom de la préservation des paysages boisés.
Dans son réquisitoire, le rapporteur public abonde dans leur sens, expliquant que l’étude d’impact, qui a précédé l’autorisation préfectorale, a été « insuffisante en ce qui concerne les effets négatifs, indirects et permanents du projet sur les espaces forestiers du secteur ».

Le plan d’approvisionnement en bois en question

Selon lui, l’étude s’est limitée à cinq communes dans un rayon de trois kilomètres autour de la centrale, alors qu’elle aurait dû mesurer plus largement les incidences du plan d’approvisionnement sur les paysages et la biodiversité, notamment parce que de nombreuses communes sont classées en zone Natura 2000.
Le directeur des relations institutionnelles d’Uniper France, Jean-Michel Trotignon, qui fut aussi le directeur de la centrale de Gardanne, se défend de toute entorse. « Nous avons suivi scrupuleusement le code de l’environnement », explique-t-il à La Croix.
La réglementation en vigueur à l’époque ne contraignait pas en effet l’étude d’impact à englober « les cinquantaines de sites exploités » par les entreprises forestières appelées à fournir Uniper.

Le gigantisme du projet en question

Au démarrage de la centrale, 55 % du bois sera importé, dont une partie du Brésil. Le reste proviendra de ressources locales, dont 60 % issus de recyclage et de l’élagage et 40 % de bois forestiers. Mais l’objectif d’Uniper est d’atteindre 100 % de bois local en 2026, qui serait prélevé dans un périmètre de 400 kilomètres autour de Gardanne.
Les associations environnementales expliquent qu’elles ne sont pas contre la biomasse, mais elles considèrent le projet de Gardanne comme beaucoup trop gros. Elles évoquent un risque de déforestation massive, en particulier dans le Lubéron, « pour alimenter le monstre ».
Travail avec l’Office national des forêts
Les dirigeants d’Uniper contestent cette description. Ils affirment travailler en étroite concertation avec l’Office national des forêts (ONF) sur la traçabilité et mettent en avant les accords déjà signés avec une trentaine d’exploitants forestiers. « La centrale consommera 320 000 tonnes de déchets verts, dont on ne sait pas quoi faire pour l’instant. C’est inédit », insiste Jean-Michel Trotignon.
Mais les opposants s’inquiètent également de la dégradation de la qualité de l’air à Gardanne avec 250 camions apportant chaque jour un chargement de bois.
Jean-Claude Bourbon

Jean-Claude Bourbon, La Croix, le 28/04/2017





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