L'acceuil de réfugiés

 


 

La presse





Le pape appelle toutes les paroisses d’Europe à accueillir des migrants


Le pape François a appelé dimanche 6 septembre toutes les communautés catholiques d’Europe à accueillir chacune une famille de réfugiés, précisant qu’il commencerait par les deux paroisses du Vatican qui accueilleront « dans les prochains jours » deux familles de migrants.

« Face à la tragédie des dizaines de milliers de demandeurs d’asile qui fuient la mort, victimes de la guerre et de la faim et qui sont en chemin vers une espérance de vie, l’Evangile nous appelle et nous demande d’être “les prochains” des plus petits et des plus abandonnés, à leur donner une espérance concrète », a-t-il déclaré pendant sa prière de l’angélus.

Le service de presse du Vatican a précisé que l’appel s’adressait aux communautés paroissiales dans leur ensemble et pas seulement aux prêtres. A elles seules, l’Allemagne, la France et l’Italie totalisent plus de 50 000 paroisses et monastères, sans compter les communautés religieuses, parfois composées d’une poignée de sœurs vivant en appartement.

Le pape François, au Vatican / .Le Monde.fr, 07.09.2015




Naufrage en méditerranée : l'appel du pape à la communauté internationale

Le pape a évoqué ce dimanche 19 avril, devant la foule réunie place Saint-Pierre pour le Regina Caeli, le naufrage de migrants survenu la veille au large des côtes libyennes, qui fait craindre 700 morts.

« Je lance un vibrant appel à la communauté internationale, pour qu’elle agisse avec décision et diligence, afin que de telles tragédies ne puissent plus se reproduire », a notamment déclaré le pape (en italien), soulignant qu'ils étaient « des hommes et des femmes comme nous. Des frères, qui cherchaient une vie meilleure... Affamés, persécutés, blessés, exploités, victimes de guerres. Ils cherchaient une vie meilleure, ils cherchaient le bonheur ».

La veille, alors qu'il recevait le président italien Sergio Mattarella en visite d’Etat, le pape avait remercié l’Italie pour son implication concernant l’accueil des migrants. Il avait appelé à un « plus grand engagement au niveau européen et international sur ces questions ».
Une plus grande implication

« Il est évident que l'ampleur de ce phénomène requiert une plus grande implication. Nous ne devons pas nous lasser dans nos tentatives de solliciter une réponse plus globale au niveau européen et international », avait-il martelé (en italien). D’après le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), ces dernières années, la Méditerranée s'est révélée comme étant la plus périlleuse des routes maritimes du monde parcourues par les réfugiés et les migrants. En 2014, quelque 219.000 réfugiés et migrants ont traversé la Méditerranée et au moins 3.500 d'entre eux ont perdu la vie.

Vendredi 17 avril, le cardinal Antonio Maria Veglio, président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, avait, de son côté, fustigé l’attitude passive de l’Europe face à la persécution des chrétiens. Dans une interview (en italien) au Vatican Insider, le site vaticaniste du quotidien La Stampa, Mgr Veglio a condamné en particulier la rixe survenue deux jours plus tôt à bord d’une embarcation de migrants en Méditerranée au cours de laquelle des musulmans auraient jetés à la mer une douzaine de chrétiens.
Drame insupportable

« Il s’agit d’un acte à condamner de façon absolue, a soutenu le cardinal italien. Nous ne devons pas oublier la persécution contre les chrétiens », a-t-il plus largement affirmé, invitant cependant à faire le tri entre « les groupes fanatiques » et le reste des fidèles de l’islam.

Le même jour, interpellé par Radio Vatican, Mgr Nunzio Galantino, secrétaire général de la Conférence épiscopale italienne, a également dénoncé l’attitude de l’Union européenne qui donne l’impression, à ses yeux, « de se laver les mains face à un drame qui deviendra toujours plus insupportable en Italie ».

www.lavie.fr/religion/catholicisme/naufrage-en-mediterranee-l...



Réfugiés en Occitanie : entre « Paratge e convivéncia » et catastrophe ?


Sur un sujet aussi dramatique que celui de ces migrations de la misère et de la peur, et parce que l’on peut lire ou entendre ici ou là des informations multiples et parfois pathétiques, je me contenterai de faire court, tout en replaçant notre région dans la problématique générale qui, face à cette situation dramatique, devrait éviter les égoïsmes territoriaux ou sociaux. La question de l’accélération extraordinaire des flux des migrations vers l’Europe n’est que la face visible d’une question géopolitique qu’il faudra régler aussi, et peut-être surtout à la source. Il est grand temps que les responsables politiques et les divers lobbies cessent de procrastiner.

La France est-elle encore le pays des droits de l’homme ? Que fait l’Europe en ce domaine dont personne ne doute plus aujourd’hui que les droits élémentaires sont cruellement bafoués dans de nombreux lieux du monde, dont certains sont à portée de bateaux et de quelques kilomètres de marche ? On a brillamment et justement fêté en 1989 la chute du mur de Berlin, qui a en effet changé la face de l’Europe. Cependant, à Ceuta, Melilla, en Hongrie, en Roumanie et peut-être bientôt en Europe occidentale, les nouveaux obstacles à la circulation des hommes se multiplient, se modernisent et se durcissent au point de s’apparenter à une chasse à l’homme…

Certes, dès le 3 décembre 1989, dans l’émission 7 sur 7 de TF1 animée par Anne Sinclair qui bat les records d’audience, Michel Rocard déclare : « Nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde. La France doit rester ce qu’elle est, une terre d’asile politique […] mais pas plus. » Cette formule complète utilement celle qui, tronquée, ne retient que la première partie. Ceci dit, elle n’ouvre pas toutes grandes les portes de l’Hexagone à tous. Mais la situation était différente, et les conflits moins proches.
Aujourd’hui, l’urgence humanitaire est non seulement aux portes de l’Europe, mais aussi dans certains pays comme la Turquie, l’Italie, la Grèce, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Les points d’entrée maritime principaux sont à Lampedusa, Ceuta, Lesbos. Au sol, on arrive par la Turquie et on se heurte vite à la Roumanie et la Hongrie. Tous ces flux convergent vers l’Europe de l’Ouest – Allemagne, Royaume-Uni et France. Toute l’Europe est concernée. La résonance de ce phénomène est mondiale, et pourtant le monde s’en préoccupe peu, arguant du fait que nous avons connu pire dans le passé. Récemment, un porte-parole de la diplomatie américaine déclare que la « première priorité est de protéger la sécurité nationale des États-Unis et de leurs ressortissants ». Égoïsme yankee pas mort.

Derrière cette formule se cache la peur des populations des pays libres de voir la possibilité pour un terrorisme sanguinaire de se glisser dans le flot des migrants… Le repli sur soi, sur des identités fermées qui servent de prétexte à ces ostracismes, se généralise avec peut-être quelques raisons.

Or, le flot de ces personnes chassées soit par la misère, soit par la guerre augmente tous les jours. 365 000 arrivées en Europe, et 2 800 morts… La Jordanie et le Liban ne peuvent plus en accueillir. Les pays du Golfe et l’Iran n’en veulent pas. Le gradient de la proximité et de la démocratie joue à plein en direction de l’Europe. Pourtant, il a fallu cette photographie atroce d’un enfant mort noyé pour que s’émeuvent vraiment les dirigeants. Combien d’autres enfants sont-ils morts, combien de femmes violées, combien d’hommes torturés puis tués ? La presse a montré là une force de communication considérable qui devrait nous interpeller. Merkel et Hollande essaient de faire progresser la mise en place des quotas pour les États de l’Union européenne. Beaucoup des pays de l’ex-Europe de l’Est récemment intégrés sont plus que réticents. Certains proposent même de mettre en place des itinéraires sanitaires, qui permettraient à ces migrants de gagner ceux des pays européens qui les acceptent ou les accepteront.

Venons-en à notre région et notre ville. Montpellier a annoncé qu’elle en accueillera 90. Un sondage récent montre que nous sommes moins prêts que d’autres régions à cet accueil (48 % en France, environ 30 % ici). Pourtant, notre région porte avec d’autres les valeurs de l’Occitanie, paratge e convivéncia. De plus, et sans remonter trop loin dans l’histoire, nous avons accueilli à partir de 1936 les Espagnols et Catalans de la Reconquista, et, en 1962, surtout la masse des pieds-noirs débarqués non seulement à Marseille mais aussi à Port-Vendres. Notons d’ailleurs que, dans un cas comme dans l’autre, ces immigrations ont été à terme de puissants facteurs de développement

a question posée aujourd’hui est à détente multiple. D’abord, il y a l’urgence à accueillir réfugiés et migrants. Il est difficile de distinguer. Très vite se posera la question de savoir quelle place ils peuvent prendre dans la société qui les accueille, et la place que les opinions publiques sont prêtes à leur laisser. À terme, et il n’est pas interdit d’y penser, ceux qui le voudront pourront rejoindre leur pays d’origine. En 1995, dans un ouvrage intitulé Europe, Europes. Espaces en recomposition (Vuibert, Paris), nous écrivions : « Si l’Europe veut continuer à servir de modèle d’organisation politique, elle devra dépasser la simple régulation mentale et au contraire renforcer l’adhésion de ses populations à un ensemble de valeurs communes et universelles. »
Pour ce qui concerne l’Occitanie, « paratge » désigne l’égalité entre tous, « convivéncia » dit l’art de vivre ensemble dans le respect des différences. Nous n’y sommes toujours pas, et nous en sommes loin, très loin.

Georges Roques

http://www.lagglorieuse.info/article_r-fugi-s-en-occitanie-entre-paratge-e-conviv-ncia-et-catastrophe.html /



Crise des migrants: toutes ces questions que vous vous posez peut-être (sans oser les demander)

IMMIGRATION - Syriens, Irakiens, Afghans, Lybiens, Erythréens... Ils sont des dizaines, des centaines de milliers, voire des millions à quitter leur pays, chassés par la guerre et la misère. La plupart trouve refuge dans les pays voisins, les plus aventureux tentent leur chance en Europe.

Un phénomène d'une telle complexité est difficile à appréhender, même pour les gouvernements européens. Autant dire que Monsieur-Tout-le-Monde a peu de chance de s'y retrouver. À côté des questions de fond, sur l'origine de ces vagues de réfugiés, sur la guerre en Syrie, certaines questions plus triviales ne trouvent pas toujours réponses.

S'ils ont tous des smartphones, sont-ils si pauvres?

Beaucoup de réfugiés n'auraient pas l'air "complètement pauvres", comme semble le regretter une militante du parti d'extrême-droite Britain First à Calais. En plus d'être correctement vêtus, ils sont nombreux à posséder un smartphone.

En fait de paradoxe, cette constatation est cohérente avec la réalité. "Les migrations son très rarement entreprises par les plus pauvres. Ce ne sont pas des paysans déracinés qui errent, avertit Patick Simon, directeur de recherche à l'Ined. En Syrie, en Irak, ce sont ceux qui ont le plus de ressources, des ingénieurs, des enseignants, des techniciens... En tous cas, des gens qui ont des raisons de croire qu'ils pourront faire mieux ailleurs."

Quant à s'étonner de les voir avec des téléphones portables, c'est bien mal connaître les pays pauvres. Afghanistan, Syrie, Soudan... Le taux d'équipements a explosé ces dernières années, au point de rattraper celui des Français en Irak. La raison est simple. Dans ces pays, le téléphone portable représente le moyen le plus économique d'accéder à internet. Les infrastructures pour un réseau terrestre haut débit sont encore hors de portée.

Abonnements mobile pour 100 habitants (France, Irak, Nigeria, Soudan, Afghanistan, Syrie)

Pourquoi ne prennent-ils pas simplement l'avion ?

Après tout, ils pourraient aussi bien passer la douane avec un visa touristique et ne jamais rentrer... C'est vrai, d'autant que cela coûterait moins cher qu'un passeur (1000 à 1500 euros).

Mais qui dit réfugié, dit aussi pays en guerre. "La situation consulaire en Syrie est telle qu'obtenir un visa est impensable, résume Patick Simon, de l'Ined. Et de toute façon ils fuient la guerre et les exactions, un visa de tourisme n'aurait pas de sens."

L'Europe accueille-t-elle tant de migrants que ça ?

Entre 2012 et 2014, le nombre de demandes d'asile formulées en Europe a augmenté de 316.000 à 388.000 (+ 22,7%). L'effort des principales terres d'accueil (Allemagne, Suède, France, Suisse, Grande-Bretagne, Italie et Belgique) est encore plus important, passant de 37.755 à 80.895 (+114%).

En revanche, tous les pays n'y ont pas contribué de la même manière. La France a dit non à 80% de ses 17.000 demandes d'asile, alors que la Suède les a acceptées dans une proportion inverse. L'Allemagne a accueilli près de 24.000 réfugiés à elle seule.

Si certains s'émeuvent de cet effort, et craignent un raz-de-marée, ce n'est en fait qu'une toute petite partie du total. Les pays limitrophes de la Syrie (Liban, Turquie, Jordanie, Egypte, Irak) "accueillent à eux seuls 3,8 millions de réfugiés de Syrie", notait en juillet Amnesty International.

Pourquoi veulent-ils tous aller en Angleterre ?

En réalité, ils ne veulent pas tant rejoindre l'Angleterre que quitter la France. D'ailleurs, l'Allemagne et la Suède accueillent encore plus de réfugiés. A l'exception de Calais, la France est pour l'instant épargnée par la crise des réfugiés.

Plusieurs facteurs liés au marché du travail dissuadent les réfugiés de rester dans l'Hexagone, à commencer par son taux de chômage. Il est presque deux fois plus élevé qu'en Allemagne et au Royaume-Uni.

Le poids important de la fonction publique (5,6 millions de personnes) est un autre obstacle, dans la mesure où les recrutements sont souvent liés à l'obtention d'un concours ou à la détention d'un diplôme précis. Enfin, le montant du smic joue en défaveur des petits boulots, certes mal payés, mais accessibles aux moins qualifiés.

En plus de la langue anglaise, l'accès au marché de l'emploi britannique est beaucoup plus libéral. "C'est aussi lié aux réseaux de migration antérieures, comme les Iraniens et les Afghans en Allemagne", conclut Patrick Simon, de l'Ined.

Des immigrés clandestins manifestent contre le gouvernement britannique à Calais, le 20 août.
crise migrant

Pourquoi cette affluence si soudaine?

Le nombre de réfugiés en provenance du Moyen-Orient est effectivement en hausse. C'est lié à l'enlisement du conflit syrien. "Il y a toujours un délai entre le début d'un conflit et la prise de conscience qui mène à quitter son pays. Aujourd'hui, on assiste à une forme d'exode venant d'une Syrie dévastée par la guerre", précise au HuffPost Patrick Simon. Ensuite, les passeurs profitent des conditions météo favorables de l'été, surtout pour la navigation, pour accentuer leur trafic.

En revanche, François Gemenne met en garde contre un "effet loupe". "Cet afflux, sans le nier, est quelque part une illusion. On se concentre ponctuellement sur des situations précises, extrêmement dramatiques à certains endroits", qui selon lui "faussent le jugement". "Si on a cette impression de masse, c'est surtout parce que l'Union européenne s'est mise sous la coupe des passeurs puisque ce sont eux qui déterminent quand, combien et comment les gens arrivent".

D'où viennent tous ces passeurs ?

Souvent des mafieux et des trafiquants, même si tous les cas de figures ou presque sont envisageables. "Il n'y a pas de profil-type", insiste François Gémenne, chercheur spécialiste des migrations, pour Europe 1.

Ce sont parfois des migrants eux-mêmes, le temps d'accumuler un pécule pour se payer à leur tour une traversée, à moins qu'ils ne soient promus capitaines de navire le temps d'une traversée grâce à quelques notions de navigation.

Mais la majorité du temps, ce sont bien des organisations criminelles qui prospèrent sur leur dos. "Bientôt les Balkans vont ressembler à l'Amérique centrale, avec tous ces cartels et leur cortège de rançonnages et d'exécutions de migrants, avertit Patrick Simon, de l'Ined. De petites mafias locales vont prospérer tant qu'il y aura des gens prêts à payer 1000 ou 2000 euros pour faire 50 kilomètres dans le coffre d'une voiture ou dans un camion."

Depuis mars, les autorités européennes ont identifié un groupe international de "30.000 suspects" dans toute l'Europe, parmi lesquels 3000 opèrent en Méditerranée.

Le HuffPost | Par Jean-Baptiste Duval



Décoder le discours sur les réfugiés syriens

Dans un article intitulé « Le mur meurtrier de la méditerranée : l’assassinat institutionnel de masse de l’Union Européenne », publié sur ce site le 21 mars dernier, nous mettions en évidence la responsabilité de l’UE dans les milliers de morts chaque année en méditerranée dans des tentatives désespérées de fuir la misère et la guerre.

Depuis la publication, le 2 septembre, par la presse turque et britannique de la photo d’un enfant de 3 ans mort sur une plage de Bodrum au sud de la Turquie, une vaste campagne médiatique présente une autre image de l’Union Européenne en général et de la France en particulier.

Nous nous serions donc trompés ou un changement radical d’attitude et de politique serait survenu. A moins que nous ne soyons une nouvelle fois devant l’instrumentalisation politique d’un drame humain pour justifier une nouvelle intervention militaire. Les diverses réactions politiques et médiatiques à l’arrivée de ces réfugiés sont par ailleurs un excellent analyseur politique de notre société, de ses politiques et de ses médias.
Une « cécité » volontaire

A écouter nos politiques et nos médias, la découverte du corps du petit Aylan aurait mis en évidence l’ampleur du drame vécu par le peuple syrien. Ainsi donc ni les médias et leurs multiples spécialistes et experts, ni les gouvernements européens et leurs services de renseignements n’avaient auparavant mesurés l’ampleur du drame.

Aucun ne pouvait imaginer que des enfants étaient victimes des guerres qui déchirent l’Irak et la Syrie. Cet aveu implicite d’une cécité politique et médiatique ne tient pas. Si cécité il y a, elle est volontaire comme en témoigne les sonnettes d’alarme qui ont été soigneusement tues par l’essentiel des grands médias et la majorité de la classe politique.

Ainsi par exemple le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU souligne dans son communiqué de presse du 9 juillet 2015 que nous sommes en présence de « la plus importante population de réfugiés générée par un seul conflit en une génération. Cette population a besoin d’un soutien de la part du reste du monde mais, au lieu de cela, elle vit dans des conditions désastreuses et s’enfonce dans la pauvreté. » [1]

Le même communiqué avance les chiffres suivants : 4 013 000 réfugiés dans les pays voisins de la Syrie (1 805 255 réfugiés syriens en Turquie, 249 726 en Iraq, 629 128 en Jordanie, 132 375 en Égypte, 1 172 753 au Liban et 24 055 en Afrique du Nord) et au moins 7,6 millions de personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie. Enfin le communiqué du HCR rappelle le caractère prévisible de l’augmentation du nombre de réfugiés syriens après cinq ans de guerre totale : « Le cap des quatre millions survient à peine 10 mois après que celui des trois millions ait été atteint. Au rythme actuel, le HCR prévoit que le chiffre d’environ 4,27 millions pourrait être atteint d’ici la fin 2015. » [2]

D’autres données du HCR mettent en exergue la hausse exponentielle du nombre de réfugiés : 92814 en juillet 2012, 1 512 160 en juillet 2013, 2 835 736 en juillet 2014, 4 094 091 en juillet 2015. [3]
Tout le monde savait. Journalistes comme leaders politiques étaient au courant. Les classes dominantes d’Europe et des États-Unis espéraient simplement une nouvelle fois cantonner les réfugiés dans les pays voisins. C’est d’ailleurs ce qu’ils font classiquement pour tous les autres conflits qu’ils suscitent pour le contrôle du gaz, du pétrole et des minerais stratégiques.

Ainsi en 2000, les seize millions de réfugiés reconnus par le HCR se répartissent comme suit : « Sur les 16 millions de réfugiés, 3,6 millions se trouvaient en Afrique, 9,1 en Asie, 2,3 en Europe et 0,6 en Amérique du Nord, et le reste en Amérique Latine et en Australie. » [4] Terminons avec les données quantitatives en donnant un dernier chiffre du HCR pour l’année 2013 : les pays industrialisés n’accueillent que 14 % de l’ensemble des réfugiés [5]
.
Il s’agit clairement de cantonner la misère du monde produite par les politiques économiques des grandes puissances impérialistes d’une part et par les guerres pour le contrôle des matières premières d’autre part, à la périphérie des pays riches. Nous sommes en présence d’une des multiples déclinaisons de l’ultralibéralisme : privatiser les gains et socialiser les pertes et/ou les coûts.
Les hypocrites reconvertis

Nous avons assisté dans la semaine qui a suivi la diffusion de la photo du cadavre du petit Aylan à de subites reconversions à l’humanisme. Ainsi par exemple le député de droite des Alpes Maritimes Eric Ciotti écrit sur son compte Twitter dès le 3 septembre : « Image d’horreur insoutenable que celle d’une enfance sacrifiée. Indignation et écœurement face à l’inaction intolérable de la communauté internationale ». Le même estimait il y a à peine un mois, le 10 août, que « l’Union européenne doit engager sans plus attendre des opérations militaires visant à détruire les filières de passeurs à la source et créer des centres de rétention pour migrants dans les pays d’entrée en Europe [6] ».

Au PS la reconversion est tout aussi radicale. François Hollande annonçait lors du sommet européen extraordinaire sur le drame des migrants en Méditerranée, le 23 avril dernier, son intention de proposer une résolution à l’ONU pour détruire les bateaux des trafiquants. On se demande au passage comment les soldats chargés de cette tâche reconnaîtront les bateaux concernés. Il considère maintenant que l’accueil des réfugiés syriens « C’est le devoir de la France, où le droit d’asile fait partie intégrante de son âme, de sa chair [7] ».

Après « l’esprit du 11 janvier » nous avons maintenant « l’âme et la chair de de la France ».

De nombreux médias ont repris ce mythe d’une France qui a toujours été ouverte aux opprimés du monde. S’il est indéniable que des militants et/ou des citoyens ont été accueillis en France dans le passé, il est en revanche mensonger de présenter ce fait comme massif, constant et intégré à « l’âme et la chair » du pays. Nous commençons à avoir l’habitude de ces envolées lyriques visant à écrire un roman national idéologique masquant la réalité historique contradictoire.

En janvier 2015 la liberté d’expression était présentée comme une constante française occultant en passant les multiples interdictions des journaux, revues et livres qui s’exprimaient contre la guerre d’Algérie. En 2004 lors du vote de la loi sur le foulard à l’école c’est l’égalité entre les sexes qui est présentée comme une constante française occultant en même temps les inégalités présentes et les combats que les militantes féministes ont dut mener pour diminuer les inégalités réelles.

Certains médias ont même osé citer l’exemple des républicains espagnols fuyant le fascisme de Franco (lire dans RM l’article de Jean Ortiz). Il n’est pas inutile de rappeler les conditions de cet accueil. Voici ce qu’en dit l’historien Marc Ferro :
Dès 1937, des réfugiés basques affluent, des instructions sont là, qui très vite, oublient les soucis humanitaires des premières semaines. On les fait retourner en Espagne par les Pyrénées orientales. (…). Dès l’automne 1937, Marx Dormoy, ministre de l’intérieur d’un gouvernement Front populaire, demande à la police d’établir un « barrage infranchissable » … Surtout, on montre le peu d’empressement des populations d’accueil à aider les réfugiés, souvent choquées par la passion politique de leurs hôtes [8]."
Plusieurs centaines de milliers de républicains furent « accueillis » dans des camps qu’ils durent eux-même construire. Les familles étaient séparées et les camps étaient entourés de barbelés et surveillés par des gardes mobiles. Les français qui voulaient les aider étaient contraints de jeter nourritures et habits au-dessus des barbelés.

Il n’y a aucune « âme et chair » française qui comporterait comme caractéristique essentielle l’humanisme et l’accueil des persécutés. Il n’y a également aucune reconversion à propos des réfugiés mais simplement des « reconversions hypocrites » mises en scènes médiatiquement à des fins d’instrumentalisation de l’émotion de l’opinion publique.
Le discours sur le tri

A part le Front National qui propose de « ne plus accueillir personne [9] », le consensus sur « l’âme et la chair » de la France réunit désormais la droite et une partie importante de la « gauche ». Le second trait du consensus porte sur la nécessité du « tri » entre « réfugiés légitimes » et « réfugiés illégitimes », entre « vrais réfugiés » et « faux réfugiés ». Les propositions fusent et constituent un excellent analyseur de notre société, de sa classe politique et de ses médias lourds.

Le maire de Roanne, Yves Nicolin propose que le tri se fasse sur une base religieuse :
« Si la France décide d’accueillir sur son sol un certain nombre de familles, et qu’elle décide de les intégrer, c’est-à-dire de leur donner des papiers, et bien la ville de Roanne, je pense, pourra jouer ce rôle-là, accueillir peut-être une dizaine de familles mais à la condition qu’il soit bien question de réfugiés Chrétiens qui sont persécutés parce que Chrétien en Syrie par Daesh (…) Ce que je souhaite c’est qu’on puisse avoir l’absolue certitude que ce ne sont pas des terroristes déguisés. C’est la raison pour laquelle je pense que demander à ce que ce soit des Chrétiens peur représenter une garantie suffisante [10] «

Il est suivi dans cette proposition par Gérard Dézempte maire Charvieu-Chavagneux et par Damien Meslot maire de Belfort. Après l’étoile jaune permettant de distinguer les juifs dans le passé, il faudrait donc faire porter à l’avenir un croissant vert pour éviter les fraudes à l’asile politique. Ces positions sont certes marginales mais suffisent à souligner la banalisation de l’islamophobie en France. Elles indiquent qu’un verrou a sauté en matière d’islamophobie et que celle-ci fait désormais partie de la sphère du « légitime » dans le débat politique.

Mais le critère de « tri » le plus largement partagé et mentionné est celui de la différence entre « migrants » et « réfugiés ». De nombreux journalistes prennent un ton docte pour nous expliquer cette différence entre les uns qui seraient « économiques » et les autres qui seraient « politiques ». L’accueil des uns serait impossible et exigerait de la fermeté alors que l’accueil des autres serait nécessaire et exigerait de la solidarité.

La distinction entre « réfugiés » et « migrants » est même présentée par un journaliste de Libération de la manière suivante :
« La crise humanitaire actuelle est traitée comme une aggravation, certes spectaculaire, mais une simple aggravation d’une « vague migratoire » qui, depuis des années, vient s’échouer sur les côtes européennes, aujourd’hui italiennes et grecques, hier espagnoles. Ce n’est pas un hasard si on parle de « migrants » ou de « clandestins » et non de « réfugiés ».

Au fond, pour les Français, Aylan n’est qu’une victime de plus de cette « misère du monde » attirée par l’eldorado européen. Ces masses indifférenciées qui forcent nos frontières au péril de leur vie, et c’est le discours du Front national, ne sont que des « migrants-immigrés » venant au mieux voler le pain des Français, au pire importer le jihad. Le mot « migrant » est un cache-sexe sémantique qui permet de nier la spécificité du drame humain qui se joue à nos frontières, un mot connoté négativement : après tout, dans « immigrant », n’y a-t-il pas « migrant » ? Or, l’immense majorité de ceux qui cherchent à se rendre en Europe n’auraient jamais songé, il y a quelques années, à quitter leur pays : ils ne « migrent » que parce qu’ils fuient la guerre, les massacres, les persécutions, les viols, les tortures, la mort [11] »

Nous partageons le souci de ce journaliste d’une prise de mesure de l’urgence de la situation et de l’ampleur du drame. Cependant cette urgence ne doit pas nous faire oublier la communauté des causes et des responsabilités conduisant à l’émigration dite « économique » et à l’exil politique. Les mêmes puissances de l’OTAN imposent des règles économiques mondiales qui appauvrissent les plus pauvres les contraignant ainsi à l’émigration et interviennent militairement pour le contrôle des matières premières produisant systématiquement des drames humanitaires contraignant à la fuite des millions de personnes : Irak, Afghanistan, Libye, etc.

Comme pour les réfugiés, les émigrés dits « économiques » n’auraient jamais songé, il y a quelques années, à quitter leur pays. L’insistance du gouvernement comme de l’opposition sur la distinction entre ces deux catégories de victimes n’a qu’un objectif : justifier le refus de séjour pour les émigrés économiques et même pour les réfugiés ne relevant pas des zones arbitrairement choisies par les pays riches comme étant dangereuses.

Il est vrai qu’une nouvelle fois les reportages et discours médiatiques ont été centrés sur les conséquences de la situation et non sur les causes. Tout se passe comme si brusquement nous étions en présence d’une tornade imprévisible et non face aux résultats prévisibles des déstabilisations stratégiques dans lesquelles nos gouvernants ont une responsabilité majeure. Le même silence sur les causes aboutit consciemment ou non à masquer la responsabilité des pétromonarchies dans l’offensive de Daesh.

Il est vrai que celles-ci sont des amis de l’Europe et des États-Unis. Il conduit consciemment ou non à masquer la responsabilité de la Turquie dans l’offensive de Daesh par la guerre qu’elle mène contre les résistants kurdes. Il est vrai que la Turquie est membre de l’OTAN. Mais le discours médiatique se caractérise également par un autre silence assourdissant : celui concernant le massacre que l’armée Saoudienne et les armées des émirats commettent chaque jour au Yemen contre une révolte populaire. Il est vrai que ce sont « nos » alliés.

Si les propositions de tri entre réfugiés chrétiens et réfugiés musulmans révèlent l’enracinement de l’islamophobie, celle entre émigrés économiques et réfugiés politiques révèlent la campagne consensuelle (consciente ou non, le résultat est le même) visant à masquer les causes des crises qui secouent notre monde.
Une logique coloniale

Le discours sur le tri conduit inévitablement à des propositions de dispositifs. Il est donc proposé à droite comme à gauche de multiplier les centre de tri ou « hotspot ». En bonne logique coloniale, il est proposé d’installer ces nouveaux centres dans les pays méditerranéens et en Afrique même. Il s’agit ni plus ni moins que d’externaliser le « sale boulot » pour qu’il demeure invisible. Le fait que des pays membres de l’Union européenne soient concernés souligne simplement que la logique coloniale s’étend au sein même de l’Europe.

La dernière « crise grecque » et son dénouement illustre que ce pays est traité comme le sont les anciennes colonies c’est-à-dire avec la même logique de mise en dépendance et de pillage.

Ces centres de tri existent déjà comme par exemple à Pozzallo en Italie. Il est géré par Frontex (l’agence européenne en charge des frontières [12]. Le centre de Pozzalo comme les autres sont régulièrement dénoncés par des militants des droits de l’homme comme attentatoires à la dignité des personnes :
« L’objectif ? Enfermer puis renvoyer les « mauvais » réfugiés chez eux, quitte à les maltraiter au passage et parfois les envoyer à la mort dans leurs pays d’origine. Ces prisons qui ne disent pas leur nom voient les policiers y utiliser la force pour obliger les réfugiés à donner leurs empreintes digitales qui sont ensuite enregistrées dans le fichier Eurodac. A Pozzallo, en octobre 2014, des récits, témoignages et enregistrements attestent des violences subies par les réfugiés dans ces centres. Plusieurs centaines de réfugiés avaient entamé une grève de la faim contre les prises d’empreintes forcées. A Pozzallo toujours, en mai 2015, des policiers utilisent des matraques électriques, notamment contre des mineurs qui refusent de donner leurs empreintes. Les policiers emploient également des techniques d’intimidation, les familles se voient menacées d’être séparées [13]

La proposition de multiplier les « Hotspot » souligne l’absence de volonté d’agir sur les causes et le choix de ne se centrer que sur la gestion des conséquences en en externalisant les tâches les plus répressives.

Mais alors que signifie cette « conversion » massive de Merkel à Hollande, de Sarkozy à Valls ? Comme pour le 11 janvier, la réponse est à rechercher dans les décisions qui sont prises à l’occasion de cette mise en scène médiatique et politique d’un humanisme européen exemplaire.
Si le drame de janvier a débouché sur une décision prise à la quasi-unanimité de l’assemblée nationale de poursuivre les frappes aériennes en Irak, le drame de septembre se conclut par la décision de Hollande d’entamer des frappes aériennes en Syrie. Il n’y a même plus besoin de vote désormais et le consensus dans les déclarations est frappant. A l’unanimité tous les ténors de droite et du parti socialiste se sont déclarés favorables à ces frappes.

SB transmis par la_peniche

Il s’agit clairement de cantonner la misère du monde produite par les politiques économiques des grandes puissances impérialistes d’une part et par les guerres pour le contrôle des matières premières d’autre part, à la périphérie des pays riches. Nous sommes en présence d’une des multiples déclinaisons de l’ultralibéralisme : privatiser les gains et socialiser les pertes et/ou les coûts.

20 septembre 2015 / SB transmis par la_peniche

[1] http://www.unhcr.fr/559e2ca6c.html

[2] Ibid

[3] http://data.unhcr.org/syrianrefugees/regional.php#_ga=1.59556077.1786272980.1441787559

[4] Jean-Claude Chasteland , La population mondiale à l’orée du XXIe siècle, in Jean-Claude Chasteland et Jean-Claude Chesnais (coord.) , La population du monde, Les Cahiers de l’INED, n° 149, Paris, 2002, p. 57.

[5] http://www.unhcr.fr/53edc9a39.html

[6] http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/09/03/refugies-l-hypocrisie-d-eric-ciotti_4744749_4355770.html?xtor=SEC-33280887

[7] http://www.lepoint.fr/societe/hollande-la-france-prete-a-accueillir-24-000-refugies-07-09-2015-1962619_23.php

[8] Marc Ferro, Histoire de France, Odile Jacob, Paris, 2003

[9] Déclaration à l’université d’été du Front National, le 5 septembre 2015.

[10] http://www.ouest-france.fr/roanne-le-maire-pret-accueillir-les-refugies-sils-sont-chretiens-3669778

[11] http://www.liberation.fr/monde/2015/09/04/ne-dites-plus-migrant_1375999.

[12] Voir notre article de mars 2015 : https://bouamamas.wordpress.com/2015/03/22/le-mur-meurtrier-de-la-mediterranee-lassassinat-institutionnel-de-masse-de-lunion-europeenne/

[13] http://www.huffingtonpost.fr/alexis-kraland/pozzallo-centre-tri-refugies_b_8089980.html.



HCR : le nombre des réfugiés syriens dépasse
quatre millions pour la première fois

Le nombre total de réfugiés ayant fui le conflit en Syrie vers les pays voisins s’élève désormais à plus de quatre millions, confirmant que cette crise de réfugiés est la plus importante au monde depuis près d’un quart de siècle dans le cadre du mandat du HCR.

Après les toutes dernières arrivées en Turquie et une récente mise à jour des statistiques par les autorités turques concernant les réfugiés déjà présents dans ce pays, le nombre total de réfugiés syriens dans les pays voisins atteint désormais plus de 4 013 000 personnes.

Par ailleurs, au moins 7,6 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de la Syrie. Nombre d’entre elles sont dans des situations précaires et des lieux difficiles d’accès.

« C’est la plus importante population de réfugiés générée par un seul conflit en une génération. Cette population a besoin d’un soutien de la part du reste du monde mais, au lieu de cela, elle vit dans des conditions désastreuses et s’enfonce dans la pauvreté », a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres.

Tragiquement, et sans aucune fin en vue à la guerre de la Syrie qui est désormais dans sa cinquième année, la crise s’intensifie et le nombre de réfugiés augmente. Le cap des quatre millions survient à peine 10 mois après que celui des trois millions ait été atteint. Au rythme actuel, le HCR prévoit que le chiffre d’environ 4,27 millions pourrait être atteint d’ici la fin 2015.

« La dégradation des conditions mène un nombre croissant de réfugiés à rejoindre l’Europe et au-delà, mais l’écrasante majorité reste dans la région », a-t-il ajouté. « Nous ne pouvons pas nous permettre de les laisser tomber dans un profond désespoir, ainsi que les communautés hôtes qui les accueillent. »

Lors d’un récent afflux de réfugiés en juin 2015, plus de 24 000 personnes étaient arrivées en Turquie depuis Tel Abyad et d’autres régions du nord de la Syrie. La Turquie accueille désormais environ 45 pour cent de tous les réfugiés syriens dans la région.

Le chiffre de quatre millions comprend 1 805 255 réfugiés syriens en Turquie, 249 726 en Iraq, 629 128 en Jordanie, 132 375 en Egypte, 1 172 753 au Liban et 24 055 en Afrique du Nord. Parallèlement, plus de 270 000 demandes d’asile déposées par des Syriens en Europe ne sont pas inclues dans ces statistiques, et des milliers d’autres ont été réinstallés ailleurs depuis la région.

Le financement de l’aide aux réfugiés syriens est devenu un problème tout aussi pressant. Pour 2015, le HCR a estimé que la somme de 5,5 milliards de dollars est nécessaire pour l’aide internationale dans les domaines de l’assistance humanitaire et du développement. Cependant, à la fin juin, seulement un quart environ de cet appel de fonds humanitaire avait été reçu. Cela signifie que des réfugiés sont confrontés à de nouvelles coupes dans l’aide alimentaire, et qu’ils luttent pour pouvoir payer des services de santé ou envoyer leurs enfants à l’école.

La vie pour les Syriens en exil est de plus en plus difficile. Quelque 86 pour cent des réfugiés hors des camps en Jordanie vivent en dessous du seuil de pauvreté de 3,2 dollars par jour. Au Liban, 55 pour cent des réfugiés vivent dans des logements insalubres.

Depuis toute la région, l’espoir de retour en Syrie décroit avec la poursuite de la crise. Les réfugiés deviennent de plus en plus démunis. Les pratiques négatives d’adaptation sont à la hausse, comme par exemple le travail des enfants, la mendicité et les mariages d’enfants. La concurrence pour l’emploi, les terrains, l’eau, les logements et l’énergie dans des communautés hôtes déjà vulnérables met à rude épreuve leur capacité à faire face à de nombreux arrivants et à maintenir leur soutien envers eux.

Autres informations :

Des photos, des infographies et des liens vers des vidéos sont disponibles ici : http://www.unhcr.org/4million/

Le site internet sur les données concernant la situation des réfugiés syriens sera mis à jour avec les toutes dernières statistiques à 05h00 GMT le 9 juillet 2015 : http://data.unhcr.org/syrianrefugees/regional.php

UNHCR / 9 juillet 2015


 

“Ces syriens miséreux qui défigurent nos villes”

La Turquie a accueille les réfugiés syriens depuis 4 ans et leur nombre a dépassé les 1,8 millions. Les 75% des réfugiés sont des femmes souvent veuves avec enfants, ainsi que des orphelins dont la moitié a moins de 18 ans.

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés déclare pour la Turquie, 24 milles arrivants, seulement pour juin 2015.

L’organisation souligne qu’il s’agit de la plus importante crise migratoire des 25 dernières années et estime que le nombre de syriens réfugiés dans les différents pays dépassera les 4 millions 250 milles en fin 2015. Il y a aussi 7,6 millions de personnes qui se sont déplacés en fuyant la guerre, sans quitter la Syrie.

La Turquie qui accueille la plus grande partie des réfugiés, ne reçoit aucune aide financière et selon Economist, elle a déjà dépensé près de 3 milliards de dollars pour accueillir les réfugiés.



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VERT : camps de réfugiés
BLEU : villes où les syriens survivent avec leur propres moyens
ROUGE : villes où protestations, hostilités ou violences envers les syriens ont été constatées

La Turquie ne donne pas le statut d”immigré” aux Syriens qu’elle accueille, mais le statut “réfugié”. Les “réfugiés” syriens sont concernés par une mesure de “protection provisoire”, qui comme son nom indique, peut être levée à tout moment par le gouvernement. Seul les syriens enregistrés comme réfugiés, donc possédant la carte spécifique au statut, peuvent circuler librement dans le pays et bénéficier des dispositifs de santé, de l’éducation et des services sociaux. Cette carte ne donne pas droit à la résidence ni à ouverture de démarche de demande de nationalité.

En ce qui concerne le travail et le logement ce n’est guère différent de la France, ils sont logés dans des taudis par des marchands de sommeil, et exploités pour le travail ingrat, souvent au noir.

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Dans certaines endroits (Kilis par exemple) le nombre de Syriens a dépassé la population locale, en transformant les villes. Ne trouvant pas de travail et vivant dans des conditions difficiles, parfois à la rue, les réfugiés essayent de s’en sortir en mendiant, récupérant des déchets, cirant les chaussures…

Seul un tiers des syriens sont logés dans les 22 camps réservés aux réfugiés. Des cas d’abus et agressions sexuels sont également présents dans les camps.

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L’hebdomadaire Economist rapportait dans un reportage du juin 2015, les propos d’un responsable administratif turc qui confirmait :

Les cas d’agression sont tout de suite pris en main, avec le principe “tolérance zéro” mais la plupart des incidents arrivent à l’extérieur des camps et les victimes préfèrent se taire de peur de provoquer des “meurtres de vengeance”.

L’enquête réalisée par Mazlum-Der, une association [pro AKP] de soutien aux opprimés [de préférence musulmans], auprès de 72 femmes, avait également révélé que des filles mineures et en bas-âge étaient “négociées” à des hommes âgés, et que les intermédiaires touchaient jusqu’à 5000 livres turcs (1650€) pour ce “travail”.

Malgré toutes les difficultés, les syriens expriment pourtant qu’ils sont “bien accueillis” par la Turquie et ils considèrent Tayyip Erdogan, le Président de la République comme un “héros”.

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Le ICG (L’International Crisis Group, une ONG multinationale) attire l’attention sur le fait que suite à l’augmentation de la délinquance, les populations locales commencent à être hostile envers les réfugiés syriens.
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Dans les grandes villes, les habitants de quartiers résidentiels et chics, ne manquent pas de se plaindre de “ces syriens miséreux qui défigurent leur quartier”. Quant aux quartiers populaires, leurs habitants sont mécontents : “Parce qu’ils sont habillés, nourris, et soignés à l’oeil, alors qu’eux, ils galèrent…”.

A Izmir, le nombre croissant de réfugiés syriens dans les 10 derniers jours, pose également problème. La Préfecture d’Izmir a donc déclaré le 5 août dernier que des démarches administratives étaient entamées afin d’expulser les syriens clandestins qui se trouvent dans la ville.

Le facteur le plus important qui oriente les réfugiés vers Izmir et d’autres villes de bord de mer à l’Ouest du pays, n’est pas autre chose que l’espoir de pouvoir atteindre l’Europe via les Cyclades grecques. Plusieurs réfugiés ont péri en essayant de traverser la mer Egée à la nage. Ne serait-ce que la première semaine d’août, 3000 réfugiés syriens qui essayaient d’aller en Grèce par voie maritime ont été arrêtés par la police côtière turque.

Pour celles et ceux qui ici considèrent qu’on “ne peut accueillir toute la misère du monde”, alors que la France n’a accordé depuis 2012 que 3450 visas pour des Syriens dont près de 500 en 2014, (selon des chiffres du ministère de l’intérieur), il serait peut être temps d’ouvrir les yeux sur ce qui, au delà des drames humains et des parcours individuels, est une réalité collatérale à toutes les guerres et interventions militaires connues depuis vingt ans, et auxquelles nos gouvernements ont apportés soutiens, logistique et armement, quand ce n’est pas une participation directe.

Quelles que soient les nationalités, un total de 45 454 dossiers de première demande d’asile ont été enregistrés en 2014 par les services de l’État, 2,2 % de moins qu’en 2013. « Le nombre de premières demandes est à un niveau constaté au début des années 2000 (47 291 en 2001), loin des records de certaines années (61 422 en 1989 ; 52 204 en 2003 », relève Forum-Réfugiés dans son rapport. Voilà, comparé aux chiffres glacés de bien d’autres pays, une réalité qui dénote un refus d’accueil de la France qui va grandissant, sur fonds d’entretien de la xénophobie et des peurs, et d’un éloignement constant des réalités humaines au profit de la “défense de nos intérêts et de la sécurité”.

Les discours de faux culs sur l’action nécessaire dans les pays d’origine, la coopération, ne tiennent pas davantage face aux conflits meurtriers, et provoquent des dizaines de milliers de noyades en Méditerranée, en plus des exactions, atrocités et abus répertoriés plus haut.

Cette humanité ne peut être refoulée avec force barbelés et policiers, car elle souffre des conséquences de la soit disant défense de nos intérêts dans le monde. Derrière chaque vente d’armement tant vantée par le Président, quitte à aller lui même faire le VRP sur place, il y a des centaines de nouveaux réfugiés en puissance, des milliers de vies détruites et déracinées.

A qui profite ces crimes commis en notre nom ?

A quoi servent les millions d’euros régulièrement dépensés en protections, murs invisibles mais bien réels, mobilisations policières, refoulements…. alors qu’on évalue l’accueil à des sommes moindres ?

La soit disant “politique extérieure” de la France se résumera-t-elle à celle des marchands de canons, doublée d’un repli digne du Front National à l’intérieur ?

Naz Oke / Journaliste


 

La jungle de Calais : quarante religieux s'engagent pour les enfants

https://journalchretien.net/2016/03/05/societe/migrants/jungle-de-calais-40-leaders-religieux-sengagent-pour-les-enfants-26770.html



Une planète de réfugiés et de déplacés internes

Si ces 50 millions d'errants constituaient une nation, celle-ci atteindrait le 26ème rang mondial.
Photo : Francisco Leong/AFP

Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, le nombre de personnes ayant fui leur foyer dépasse la barre symbolique des 50?millions. Une hausse liée principalement au conflit en Syrie, mais aussi à plusieurs crises en Afrique.

C’est un record dont le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) se serait bien passé. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, le nombre de personnes déracinées sur la planète avait dépassé la barre des 50?millions, à la fin de l’année 2013. Dans son rapport «?Tendances mondiales 2013?», basé sur des données compilées par des gouvernements et des ONG et sur ses propres sources, le HCR a recensé 51,2?millions de personnes ayant fui leur foyer. C’est 6?millions de plus qu’en 2012. Et cette recension ne tient pas compte du récent exode des chrétiens d’Irak, du conflit en Ukraine ou des derniers bilans sans cesse revus à la hausse sur le nombre de réfugiés syriens. Si ces 50?millions d’errants constituaient une nation, celle-ci atteindrait le 26e rang mondial.

Dans le détail, cette population se compose de 16,7?millions de réfugiés, dont 5?millions relèvent de la compétence de l’office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Selon l’article 1 de la convention de Genève – adoptée en 1951, année de création du HCR –, relative au statut des réfugiés, «?un réfugié est une personne qui se trouve hors du pays dont elle a la nationalité ou dans lequel elle avait sa résidence habituelle, qui craint avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, et qui ne peut ou ne veut se réclamer de la protection de ce pays ou y retourner en raison de ladite crainte?».

Les déplacés internes, c’est-à-dire les personnes forcées de quitter leur domicile mais qui restent dans leur propre pays, sont 33,3?millions. «?Venir en aide à ces personnes constitue un défi particulier pour le HCR et les autres acteurs humanitaires car nombre d’entre elles se trouvent dans des zones de conflit où l’aide est difficile à acheminer et où elles ne bénéficient pas des normes de protection internationales accordées aux réfugiés?», explique le HCR. Un troisième groupe est constitué de 1,1?million de personnes qui ont déposé une demande d’asile en 2013.

«?Nous constatons ici le coût énorme qui découle de l’incapacité à mettre un terme aux guerres et de l’échec à résoudre ou à prévenir les conflits?», a déclaré le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, lors de la sortie du rapport du HCR, le 20?juin dernier, date de la Journée mondiale des réfugiés. La hausse spectaculaire du nombre de déracinés est essentiellement due à la poursuite du conflit syrien. Sur 22?millions d’habitants, la Syrie compte désormais 3?millions de réfugiés et 6,5?millions de déplacés internes. D’importants mouvements de population ont également eu lieu l’année dernière en Centrafrique et au Soudan du Sud.

La moitié (53?%) des réfugiés dans le monde sont des Afghans, des Syriens et des Somaliens. «?Depuis le début de l’exode massif des Afghans, en 1979, le Pakistan et la République islamique d’Iran ont représenté à tour de rôle le principal pays d’accueil de réfugiés dans le monde pendant trente-trois ans sur trente-cinq?», indique le rapport du HCR. Contrairement à une idée reçue, les réfugiés ne se trouvent pas dans les pays développés. Dans leur immense majorité (86?%), ils s’installent dans des États pauvres à proximité de leur pays d’origine. Et une bonne moitié est logée dans le secteur privé et ne vit donc pas dans des camps.

La moitié des personnes déplacées sont des mineurs. «?Les enfants réfugiés, dont beaucoup ne sont pas accompagnés d’adultes, sont souvent détenus dans des conditions inadéquates et dangereuses. Ils sont également à la merci de la maltraitance, de l’exploitation et d’autres violations de leurs droits?», s’inquiète l’Unicef, l’agence des Nations unies pour l’enfance. Au vu des multiples conflits qui ont éclaté ou se sont amplifiés en 2014, et sans même tenir compte des réfugiés climatiques souvent présentés comme les «?déracinés de demain?», l’avenir s’annonce sombre. D’où la mise en garde d’Antonio Guterres?: «?La paix est aujourd’hui en déficit grave. Les humanitaires peuvent servir de palliatifs, mais des solutions politiques s’imposent de façon cruciale. Sans cela, les niveaux alarmants de conflit et les souffrances massives illustrés par ces chiffres vont continuer.?»

Damien Roustel / Vendredi, 19 Septembre, 2014 / L'Humanité


 

Les réfugiés et la grande peur européenne de la mort

La crise des réfugiés n’en est qu’à ses débuts. Les dirigeants européens, qui sont majoritairement hors sol, pensaient l’avoir maîtrisée. Mais, en appelant à l’installation de 800.000 réfugiés sur son sol, Angela Merkel a réveillé la veille hydre du continent : la peur propre aux peuples européens de disparaître sous des vagues migratoires.

Dans la pratique, l’appel d’air lancé par Angela Merkel devrait susciter un mouvement de population de plusieurs centaines de milliers de migrants en quelques semaines. Savait-elle que ses imprudentes déclarations se traduiraient aussi rapidement par des déplacements de population aussi importants?

Un phénomène auquel l’Europe ne s’attendait pas

Beaucoup de commentateurs rappellent que l’Europe a connu au vingtième siècle des déplacements de population plus importants que le spectacle de ces colonnes de réfugiés remontant les routes des Balkans vers l’Allemagne (sous-entendu: ceux qui arrivent ne devraient donc pas poser problème).

Lire aussi : Rattrapées par l’histoire : quand la réalité vient sèchement démentir le monde virtuel que s’était construit les élites occidentales

En 1923, par exemple, 1,5 millions de chrétiens grecs sont chassés de Turquie et se réfugient majoritairement à Athènes, pendant que 500.000 musulmans sont chassés de Grèce. En 1945, l’expulsion de 10 millions d’Allemands d’Europe de l’Est commence (les Sudètes, mais aussi les Poméraniens ou les Prussiens). Elle va durer trois ans.

La particularité de ces mouvements (on relira ici les Journaux de guerre d’Ernst Jünger pour retrouver le spectacle des campagnes allemandes de 1945 hantées par des colonnes de réfugiés sans destination) fut toutefois de s’expliquer par un retour au pays: les Grecs ou les Allemands étaient renvoyés « chez eux ». Certes, cette représentation était largement fictive. Mais elle est d’une nature très différente du phénomène des réfugiés actuels, qui « partent de chez eux » pour aller vivre ailleurs.

La glose intellectuelle sur la permanence du mouvement des réfugiés dans l’histoire européenne est donc maladroite, dans la mesure où l’arrivée brutale d’un million de migrants est interprétée par les peuples résidents comme radicalement différente des mouvements migratoires connus depuis cent ans. Prisonniers de cette glose, les dirigeants européens n’ont pas perçu qu’il existe dans la conscience de leurs peuples un vieux réflexe enfoui sous quelques couches de narcissisme facile, et qui ne demandait qu’à se réveiller.

Ainsi, une fois passés les premiers jours d’euphorie sous les caméras postées dans les gares allemandes qui accueillaient les réfugiés, les vieux réflexes ont vite repris le dessus. Si la condition des femmes et des enfants arrivant dépenaillés dans nos villes a ému, les questions sont revenues à la charge: quel impact ces mouvements de population auront-ils sur des pays déjà battus par le vent frais de la coexistence culturelle? Alors que le débat public en France est largement monopolisé par la question du porc à la cantine, faut-il donner le spectacle supplémentaire de ces routes de l’exode, de ces autoroutes coupées pour laisser passer le flot des réfugiés?

Manifestement, aucun dirigeant européen n’avait mesuré l’impact de ces images sur la conscience européenne.

La vieille peur européenne de la mort

Bien entendu, les intellectuels hors sol qui nous dirigent sont coupés de ce vieux réflexe qui hante les peuples européens. Nichés sur une sorte de presqu’île au bout du continent asiatique, exposés à tous les vents, les Européens savent leur fragilité géographique. Ils habitent une terre bénie des dieux, au climat agréable, au sol nourricier, mais sans défense géostratégique. Attila l’avait bien compris et tous les peuples européens s’en souviennent obscurément. Les Européens ont une chose à craindre: l’arrivée des peuples nomades qui veulent occuper leur terre.

Cette angoisse est ancienne et structure notre culture populaire. Elle est au centre du mouvement impérial romain: il faut sécuriser les frontières en matant militairement les régions où des mouvements de population peuvent se produire. La guerre des Gaules en est l’un des témoins: pour éviter le chahut des tribus gauloises qui s’était terminé en 390 par le sac de Rome, la conquête militaire reste le meilleur des moyens.

A son apogée, l’empire construit un immense mur d’enceinte pour se protéger de nouvelles invasions. Loin de moi l’idée de comparer l’arrivée des réfugiés aux invasions barbares. Il n’en demeure pas moins que, dans l’esprit européen, l’histoire est d’abord une longue lutte pour sécuriser ses frontières extérieures.

On pourrait dire la même chose des Croisades, qui agitèrent pendant deux siècles les consciences populaires. L’arrivée de peuplement arabe à Jérusalem inquiète les Français du Nord, qui envoient leurs meilleures troupes pour sécuriser le flanc est de la Méditerranée. Dans le cas des Croisades, l’angoisse était nourrie par la peur religieuse d’une disparition de la civilisation chrétienne au profit du monothéisme musulman.

Ce sont ces vieilles peurs-là qui se réveillent aujourd’hui: l’angoisse d’être submergé par des populations non européennes, l’angoisse de voir notre univers chrétien disparaître au profit de l’Islam.

La petit mort du rationalisme européen

Les élites européennes peuvent stigmatiser autant qu’elles veulent ces vieilles peurs millénaristes en les qualifiant de populistes ou de tout un tas d’autres noms d’oiseaux, il se trouve que ces peurs existent et qu’elles constituent un puissant moteur politique. Si l’on reprend l’histoire du débat public européen depuis trente ans, on s’apercevra qu’elles sont au coeur des évolutions partisanes. Pas un pays européen n’échappe à leur expression électorale plus ou moins brutale ou plus ou moins directe.

Ces peurs sont-elles fondées? La question est complexe à traiter, parce qu’elle illustre malgré elle une évolution en profondeur de nos schémas socio-politiques.

Pour tous ceux qui considèrent que l’humanité et la citoyenneté sont une affaire de volonté, ces peurs sont absurdes. Autrement dit, dans un monde où la citoyenneté est attribuée à tous les humains qui vivent sur un territoire, indistinctement, le fait que les uns soient nés en Europe et que les autres soient nés ailleurs ne pose pas problème. C’est la vision rousseauiste du corps social, produit de la volonté générale. Au fond, ce qui fait une société, c’est la somme des raisons qui dominent chacun de ses membres et les différences culturelles ou religieuses ne pèsent pas.

Depuis plusieurs années, l’Europe fait l’expérience d’un phénomène nouveau: elle est appelée à accueillir parmi ses membres des groupes humains potentiellement porteurs d’un autre projet politique, qui ne fait traditionnellement pas reposer la citoyenneté sur l’expression de la volonté, mais sur l’appartenance à une religion. Dans le monde musulman, en effet, l’Etat n’existe pas sans l’Islam et la laïcité telle que nous la concevons ne peut donc avoir sa place. Il est manifeste que, depuis plusieurs années, les communautés musulmanes d’Europe sont traversées par cette prise de conscience politique dont nous mesurons mal l’ampleur et la résistance au temps.

Pour l’Européen moyen qui se promène dans les rues, cette prise de conscience politique en cours dans les minorités musulmanes est visible: entre la floraison de magasins hallal et l’expansion du voile, nos sociétés donnent à lire l’émergence de cette conscience minoritaire. Si l’on y ajoute les soutiens occultes dont cette prise de conscience bénéficie de la part des Etats du Golfe, notamment, si l’on y ajoute les catastrophes du terrorisme islamiste, on voit bien comment la tradition rousseauiste est en mauvaise posture.

Et c’est probablement cette tradition que le flot des réfugiés est en train d’enterrer pour plusieurs décennies. Les Européens touchent désormais du doigt la limite philosophique d’une conception universaliste de la citoyenneté. Alors qu’il y a cent ans cette conception justifiait que les Européens se sentent partout chez eux et colonisent à tout va, elle sert aujourd’hui à démontrer que les réfugiés sont partout chez eux en Europe et peuvent y revendiquer des droits politiques, y compris, à terme, des remises en cause du paradigme universaliste lui-même.

L’Occident disparaîtra-t-il un jour ?

Et nous voici, à des degrés divers sans doute, mais personne ne peut vraiment y échapper, les bras chargés de cette question qui nous hante: l’Occident peut-il un jour mourir? Se pourrait-il que cette excroissance de l’Asie que les indo-européens, avec leur rationalisme et leur esprit conquérant, occupent depuis des milliers d’années, devienne une terre où ils seraient une minorité en voie de disparition? Se pourrait-il que la grande invasion venue d’Orient que nous craignons depuis des siècles arrive enfin?

Même obscurément, même inconsciemment, cette angoisse « populaire » rôde dans le dossier des réfugiés comme le spectre d’Hamlet. Elle est évidemment incompréhensible dans les élites rationalistes, mais c’est elle qui guide les réactions populaires épidermiques au sujet de l’Islam. Elle nous revient aujourd’hui, comme elle nous vint il y a mille ans, comme elle vint au dix-neuvième siècle, comme elle vient à chaque peur millénariste.

Le propre des grandes peurs est d’être incontrôlables. Il ne sert à rien de les nier ou de les occulter: le remède serait pire que le mal. Mieux vaut les exprimer et en débattre librement – mais si cette liberté-là heurte de front le sur-moi bourgeois des élites occidentales qui sont fidèles à leur dicton névrotique: toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Et pourtant, si nos peurs pouvaient s’exprimer, elles seraient amoindries, canalisées, et ce moment salutaire de catharsis éviterait le recours à des blindés à la frontière hongroise pour empêcher des réfugiés d’avancer.

La guerre comme façon névrotique de vaincre ses peurs? Oui, bien sûr, cela existe.

Éric Verhaeghe / Atlantico



Le « Airbnb pour réfugiés » arrive au Québec

Après avoir pris son envol en France, le projet Singa qui met en relation familles hôtes et réfugiés arrive au Québec.
Photo : Mauricio Alvarez/Singa Québec

Nombreux sont ceux qui se demandent comment venir en aide aux réfugiés qui affluent vers les pays développés. Singa, un mouvement citoyen né en France, a créé la plateforme Comme à la maison, qui permet à ces citoyens de bonne volonté d'entrer en contact avec les familles qui arrivent en leur nouvelle terre d'accueil. Une branche québécoise de Singa sera lancée à Montréal le 18 septembre.

« Les réfugiés ce sont des entrepreneurs, des talents, des créateurs de richesse intellectuelle et économique. On ne peut pas accueillir ces personnes de façon dégradante » rappelle Alice Barbe, codirectrice de Singa, qui veut casser l'image négative associée aux migrants.

Bâtir un lien de confiance
La plateforme de jumelage n'offre pas qu'un toit aux réfugiés, mais un véritable foyer. Grâce à un algorithme, les familles sont mises en relation en fonction de leurs intérêts communs, allant de la cuisine à la musique en passant par le sport.

Au-delà de la mise en relation, l'association offre en arrière-plan un accompagnement aux réfugiés dont la demande d'asile a été acceptée. Elle organise par exemple des pique-niques, des cours de langue ou des visites de quartier ayant pour but d'intégrer les nouveaux arrivants dans le tissu social. « On n'est pas dans une démarche d'assistance, on est dans une démarche d'autonomisation », précise Alice Barbe.

Si le nombre de demandes a explosé dans les derniers temps, il en est de même du nombre d'offres d'hébergement. Plus de 1 300 familles se sont inscrites comme hôtes depuis que la planète a été branlée par la diffusion des images d'un petit Syrien âgé de 3 ans noyé sur une plage de la Turquie.

7 septembre 2015 / Site du mouvement SINGA



« La pire crise des réfugiés de notre histoire »

Rapport Dans un nouveau document, Amnesty International dénonce l’indifférence des États alors qu’il n’y a jamais eu autant de personnes déracinées depuis la Seconde Guerre mondiale.

« Nous assistons à la pire crise de réfugiés de notre histoire, des millions d’hommes, de femmes et d’enfants luttant pour survivre face à des guerres terribles, des réseaux de trafiquants d’êtres humains et des gouvernements qui privilégient leurs intérêts politiques au détriment de la compassion humaine.?» C’est un nouveau cri d’alarme que lance Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International, à l’occasion de la publication d’un nouveau rapport de l’ONG sur la question des réfugiés. À l’approche de la Journée mondiale des réfugiés le 20?juin, l’organisation de défense des droits de l’homme fustige l’indifférence des dirigeants du monde qui «?condamnent des millions de réfugiés à une existence insupportable et des milliers d’autres à la mort, en s’abstenant de leur fournir une protection humanitaire essentielle?».

Plus de 50 millions de personnes déracinées

Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, le nombre de personnes déracinées sur la planète avait dépassé la barre des 50?millions, à la fin de l’année 2013, selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Si ces 50?millions d’errants constituaient une nation, celle-ci atteindrait le 26e?rang mondial. Sur les 51,2?millions de personnes ayant fui leur foyer, 16,7?millions sont des réfugiés et?33,3 des déplacés internes, c’est-à-dire des individus forcés de quitter leur domicile mais qui restent dans leur propre pays. Un troisième groupe est constitué de 1,1?million de personnes qui ont déposé une demande d’asile en 2013. La guerre en Syrie constitue la plus importante crise des réfugiés dans le monde. Plus de 4?millions de réfugiés ont fui ce pays, et 95?% d’entre eux vivent actuellement dans cinq principaux pays d’accueil?: la Turquie, le Liban, la Jordanie, l’Irak et l’Égypte. «?La mer Méditerranée est l’itinéraire maritime le plus dangereux pour les réfugiés et les migrants?», affirme le rapport qui fait état de 3?500 personnes mortes noyées en 2014.

«?La crise des réfugiés est l’un des défis majeurs du XXIe?siècle, et la réponse de la communauté internationale est une honte et un échec. Nous avons besoin d’une refonte radicale de la politique et des pratiques afin de mettre sur pied une stratégie cohérente et globale à l’échelle mondiale?», s’indigne Amnesty International. L’ONG présente dans son rapport plusieurs propositions. Elle demande notamment de réinstaller collectivement sur les quatre prochaines années 1?million d’exilés qui en ont actuellement besoin et de mettre en place un fonds mondial pour les réfugiés.

Damien Roustel / Mardi, 16 Juin, 2015 / L'Humanité



Votre maire est-il prêt à accueillir des réfugiés ?

Nous sommes allés poser la questions aux élus des plus importantes communes de notre territoire.

« 24 000 réfugiés seront accueillis en France » a annoncé lundi François Hollande lors de sa conférence de presse semestrielle. Le président de la République emboîtait le pas à l’Union Européenne qui s’est engagée à en recevoir 120 000 au total. Reste à trouver les hébergements nécessaires et pour ce faire les villes et collectivités locales sont appelées à faire preuve de solidarité. Qu’en est-il sur notre zone de diffusion ? Votre maire est-il prêt à mettre des logements à disposition des migrants ?


 

Réponse aux Français qui ne veulent pas des réfugiés syriens


Pourquoi il ne faut pas avoir peur d’accueillir les réfugiés venus de Syrie et ce que leur accueil suppose réellement.

 

© Sakis Mitrolidis, AFP | Des migrants marchent près de la frontière entre la Grèce et la Macédoine, le 7 septembre 2015.

Une majorité de Français se prononcent, dans un récent sondage, contre un accueil massif de réfugiés syriens dans leur pays. Une majorité encore plus importante se dit profondément inquiète du terrorisme et déclare approuver des frappes aériennes de la France contre l’organisation de l’État islamique (EI) en Syrie. Ce sont souvent les mêmes Français qui craignent l’afflux de réfugiés, parce que :

Ceux-ci sont le plus souvent musulmans et donc à leurs yeux représentent une menace terroriste potentielle.
Eux mêmes souffrent directement ou indirectement du chômage et interprètent l’arrivée de ces personnes comme une concurrence potentielle sur le marché du travail.

À ces Français, on peut objecter deux choses :

On ne combattra pas le jihadisme seulement avec des bombes. Les "boat people" syriens qui frappent aux portes de l’Europe commettent un acte politique. Ils "votent avec leurs pieds" et ce vote est une forme de cri d’espoir et d’adhésion en faveur du modèle de société occidental et quelques-uns de ses piliers : la démocratie, la libre entreprise, la liberté religieuse, l’humanisme social, sur lesquels reposent notre prospérité. Ce message nous est adressé mais il l'est aussi aux fanatiques de Daech qui ramènent leur pays au Moyen-Âge : ils n’en veulent pas. Pas plus que de la dictature sanguinaire d’Assad d’ailleurs.

À défaut d’avoir pu et su intervenir il y a quatre ans, si nous voulons rester cohérents avec nous-mêmes, notre devoir est d’organiser dignement l’accueil de ces réfugiés dans chaque pays selon les moyens de ceux-ci, bien sûr, ce qui nécessite une coordination européenne. On enverra alors un message aux futures recrues de l’EI tentées de commettre des attentats sur notre sol, et qui sont - rappelons-le - souvent des Français : nous ne sommes pas contre les musulmans. L’Europe a su et saura se montrer accueillante à condition qu’on ne vienne pas chez elle pour combattre ses valeurs.

La deuxième objection sera plus difficile à admettre, notamment par ceux (à droite) qui croient encore au mythe de "l’appel d’air" ou par ceux (à gauche) qui veulent ouvrir leur porte aux réfugiés par pur angélisme et se désintéressent de leur intégration. Aux premiers, il faut dire qu’aucun dispositif sécuritaire ne dissuadera jamais ceux qui veulent fuir la guerre pour donner un avenir à leurs enfants de venir le chercher en Europe. La preuve est sous nos yeux : ceux-là ont mis leur vie en jeu pour traverser la Méditerranée et sont prêts, s’il le faut, à terminer leur périple à pied. Ils continueront. Ils ne sont pas attirés, comme on l’entend souvent, par la générosité de notre système d’aides sociales mais souhaitent trouver ici des opportunités de gagner dignement leur vie. Si ce n’était pas le cas, ils ne choisiraient pas d’abord l’Allemagne ou le Royaume-Uni mais plutôt... la France !

De cela découle ce qu’il faut dire aux seconds : ouvrir les frontières aux réfugiés sans assurer les conditions de leur intégration par l’école, par le travail, par l’enseignement des valeurs républicaines, c’est la garantie assurée de l’échec. C’est à coup sûr renforcer encore les populismes et les extrêmes. Le chômage recule partout en Europe, sauf en France. Ce ne sont pas les derniers arrivés qui en sont responsables, mais plutôt les barrières que nous mettons nous-mêmes à de nouvelles entrées sur le marché du travail pour préserver ceux qui en ont. En Allemagne, Angela Merkel ne pense d’ailleurs pas que les réfugiés vont voler le travail des Allemands mais au contraire qu’ils peuvent contribuer à changer le pays, pour le meilleur. Elle pense qu’elle fait un investissement. Et en cela elle donne une leçon au reste de l’Europe qui n’est pas seulement morale, mais aussi économique et pragmatique.

Première publication : 07/09/2015


 

Enfants réfugiés et migrants : « L’indignation doit se traduire en action ! »

Déclaration d’Anthony Lake, directeur exécutif de l’UNICEF, sur la crise des enfants migrants et réfugiés en Europe.

New-York, le 3 septembre 2015 - Les images déchirantes de corps d’enfants rejetés par la mer sur les rives de l’Europe… gisant à l’arrière de camions franchissant les frontières… passés à travers des barbelés par des parents désespérés…

Alors que la crise des réfugiés et migrants en Europe s’aggrave, ces images choquantes ne seront pas les dernières à circuler à travers le monde sur les réseaux sociaux, sur nos écrans de télévision et à la Une de nos journaux.

Mais le monde ne doit pas seulement être choqué. Le choc doit se traduire en action. Car ces enfants n’ont pas choisi de vivre ce calvaire qui est hors de leur contrôle. Ils ont besoin de protection. Ils ont le droit à la protection.

Nous appelons instamment à ce que les mesures suivantes soient prises :

1- Protéger ces enfants à travers l’accès à des services essentiels à toutes les étapes de leur exil –notamment soins de santé, nourriture, soutien psychologique, et éducation, ainsi qu’à des abris adaptés aux réfugiés et migrants et qui permettent aux familles de rester ensemble ;

2- Déployer des personnels formés spécialisés dans l’enfance et en nombre suffisant pour soutenir les enfants et leur famille ;

3- Poursuivre les opérations de recherche et de sauvetage –non seulement en mer, mais aussi sur terre- et faire le maximum pour prévenir tout abus et exploitation à l’encontre des enfants réfugiés et migrants ;

4- Faire de l’intérêt supérieur de l’enfant une priorité dans toutes les décisions concernant ces enfants, notamment dans les cas de demandes d’asile.

Notre cœur est aujourd’hui avec les familles ayant perdu leur(s) enfant(s) au large des côtes, sur les rives ou les routes de l’Europe. Alors qu’ont lieu les débats sur les politiques migratoires, nous ne devons jamais perdre de vue la dimension profondément humaine de la crise.

Ni perdre de vue les enfants.

Ni perdre de vue l’échelle de ce drame.

Au moins un quart des personnes cherchant refuge en Europe sont des enfants. Pendant les 6 premiers mois de l’année, 106 000 enfants ont demandé l’asile en Europe.

Et nous ne devrions jamais oublier ce qu’il y a derrière l’histoire de chacune de ces familles cherchant asile en Europe : de terribles conflits, comme celui en Syrie, qui a déjà forcé 2 millions d’enfants à fuir leur pays. Seule la fin de ces conflits pourra mettre un terme à leur tragédie.

https://www.unicef.fr/article/enfants-refugies-et-migrants-l-indignation-doit-se-traduire-en-action



Enfants réfugiés et migrants : les 10 recommandations de l’UNICEF à la France et à l’UE

En se basant sur le principe absolu de « l’intérêt supérieur de l’enfant », l’UNICEF propose à la France et à l’Union européenne un plan en 10 points qui devrait les guider dans la protection des enfants réfugiés et migrants. Parce que ces enfants sont d’abord et avant tout des enfants !

Les enfants réfugiés et migrants tombent souvent dans les failles des lois, politiques et pratiques des systèmes de protection. Ils sont confrontés à un accès limité à la justice, à l’éducation et aux soins de santé. Ils peuvent être soumis à la détention, à la déportation, aux expulsions collectives ou à des pratiques de contrôle des frontières qui peuvent mettre leur vie en danger.

Que fait l’UNICEF ?

L’UNICEF est présent dans les pays d’origine des enfants et mène avec ses partenaires des programmes de protection, d’accès à la santé, à l’eau, l’hygiène et l’assainissement, ainsi qu’à l’éducation. Les équipes de l’UNICEF sont également à pied d’œuvre dans les pays de transit, comme l’ex-République yougoslave de Macédoine pour apporter assistance et protection aux enfants réfugiés et migrants.

Dans tous ses programmes, ainsi que dans ses actions de plaidoyer en France, l’UNICEF documente la situation des enfants et des femmes et les situations de violations de leurs droits afin d’accompagner et d’interpeller les pouvoirs publics. L’UNICEF mène enfin un intense plaidoyer au niveau des institutions européennes pour une politique coordonnée d’accueil et de protection.

Les 10 recommandations de l’UNICEF à l a France et à l’Union européenne :

1 / En toute circonstance, reconnaître toujours et avant tout les enfants réfugiés et migrants comme étant des enfants, comme le stipule la Convention internationale des droits de l’enfant.

2 / Appliquer la législation et les politiques existantes pour sauvegarder et protéger les droits des enfants affectés par la migration, y compris une évaluation permanente des directives et stratégies de l’Union européenne relatives à la traite, avec une attention spéciale sur la prévention, la réduction de la demande et les poursuites à l’encontre de ceux qui exploitent et abusent des victimes mineures.

3 /Dans toutes leurs décisions, les autorités doivent se baser sur la Convention internationale des droits de l’enfant : l’intérêt supérieur de l’enfant doit guider toutes les décisions relatives à la protection internationale, à l’octroi ou non de permis de séjour, aux transferts ou au retour.

4 / Protéger les enfants réfugiés et migrants en renforçant les systèmes nationaux intégrés de protection de l’enfant, en prenant des décisions au niveau de l’Union européenne pour développer des standards de protection et répondre aux besoins de protection transfrontaliers comme proposé dans les recommandations de la Commission “Integrated Child Protection Systems”.

5 / Les enfants ne doivent pas être placés dans des centres de rétention ni être séparés de leur famille pour des motifs de migration.

6 / Dans les opérations de recherche et de sauvetage, il faut soutenir le droit maritime international et la coutume de sauver et de protéger des vies.

7 / À tout moment pendant et après les opérations de recherche et de sauvetage, les enfants et les femmes enceintes doivent recevoir une attention et des soins particuliers.

8 / Tous les enfants – quel que soit leur statut légal ou celui de leurs parents – doivent bénéficier d’un accès équitable à une éducation de qualité, à des soins de santé – y compris de santé mentale – à la protection sociale et judiciaire.

9 / Tous les enfants doivent bénéficier d’une protection sans la moindre discrimination basée sur la nationalité, la résidence, le statut migratoire ou la race, d’eux-mêmes ou de leurs parents.

10 / Investir dans l’éradication des causes profondes de l’émigration dans une approche globale qui inclue la réduction du risque, la réponse d’urgence et le développement.

https://www.unicef.fr/article/enfants-refugies-et-migrants-l-indignation-doit-se-traduire-en-action



France : enfants en rétention, le pays à nouveau au banc des accusés

En début de semaine, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné la France, en raison de sa politique consistant à enfermer de jeunes enfants pendant plusieurs jours dans des centres de rétention administrative (CRA), en vue de leur expulsion. Un traitement jugé inhumain ou dégradant, par les juges européens.

La CEDH a été saisie par les familles étrangères ayant subi de tels traitements. Les cas concernent tous des enfants particulièrement jeunes entre 2011 et 2014. En 2012, un jeune Arménien de 4 ans a été placé 18 jours dans un centre de rétention administrative (CRA) de Toulouse, avec ses parents. La même année, à Metz, deux fillettes de deux ans et demi et de quatre mois ont passé huit jours dans un CRA. La Cour était aussi saisie pour le cas d’un jeune Roumain de quatre ans et d’enfants Tchéchènes de 7 et 15 mois, retenus respectivement pendant 7 et 9 jours en centre de rétention administrative.

Pour la Cour européenne, « la justice française aurait notamment dû faire en sorte de trouver une mesure moins coercitive, particulièrement lorsqu’il s’agit de jeunes enfants ». La France devra donc verser aux familles requérantes des sommes allant de 1 500 à 9 000 euros, au titre du dédommagement moral.

À la suite de cette condamnation, la Cimade, (ONG qui assiste les étrangers dans les centres de rétention, appelle le gouvernement français à « tirer toutes les conséquences des arrêts de la CEDH ».

L’ONG indique par ailleurs que cette situation « est traumatisante pour toutes les personnes enfermées, au seul motif de papiers pas en règle, mais ça l'est encore plus pour des enfants. C'est de la maltraitance, même pour un jour ou deux ».

Selon la Cimade, le placement des mineurs en centre de rétention, qui avait baissé ces dernières années, est reparti à la hausse en 2015, avec 105 enfants enfermés cette année-là en métropole, contre 45 en 2014. Pour l’heure, en 2016, déjà 67 enfants ont connu ce traitement.

Pourtant, en 2012 le Président de la République affirmait dans un courrier adressé à la Cimade qu’il s’engagerait à « à interdire les placements en rétention des familles avec enfants, au nom de l’intérêt supérieur des enfants … ».

C’est cette même année que la CEDH avait condamné la France, considérant que les conditions de rétention d’une famille n’étaient pas adaptées à leurs deux jeunes enfants, et contrevenaient aux principes de la Convention européenne des droits de l’homme.

Une récente loi sur le droit des étrangers, votée en mars 2016, a encadré les modalités d'enfermement des mineurs en centres de rétention. Cependant, pour la Cimade, « ce texte n'a fait que légaliser une pratique qui ne devrait pas exister ».

De son côté, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a estimé que cette loi « est contraire à la Convention européenne des droits de l'homme » et « doit être réformée sur ce point ».

JCC : (Sources : communiqués CIMADE, CEDH et défenseur des droits)



Pôle Demandeurs d'Asile et Réfugiés

" Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d'asile sur le territoire de la République".

Article 4 du Préambule de la Constitution de 1946

La situation internationale marquée par des guerres et des conflits d’ordre racial, ethnique, religieux et politique conduit des milliers d’individus à fuir leur pays et à chercher refuge à travers le monde.

Fin 2012, plus de 45,2 millions de personnes étaient déracinées, contre 42,5 millions fin 2011. Ce chiffre comprend 15,4 millions de réfugiés, 937 000 demandeurs d'asile et 28,8 millions de personnes forcées de fuir à l'intérieur des frontières de leur propre pays. Ces chiffres n'intègrent pas la hausse des personnes déracinées en 2013 par le conflit en Syrie.
La demande d'asile en France
La France qui, par son Histoire et ses grands textes fondateurs (Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, Préambule de la Constitution de 1946, Constitution de 1958), reconnaît et défend le droit d’asile, demeure l’un des premiers pays d’accueil en Europe.

A son arrivée dans notre pays, le demandeur d’asile sollicite soit :

soit l’obtention du statut de réfugié dont les critères de reconnaissance sont inscrits dans les conventions internationales et la Convention de Genève * du 28/07/1951 (article 1).
soit le bénéfice de la protection subsidiaire introduit dans la loi du 10 décembre 2003 relative au droit d’asile.

En attente de réponse des autorités françaises, le demandeur d’asile répond d’ores et déjà à la définition du réfugié inscrite dans la Convention de Genève dans son article Premier (A.2) :

Un Réfugié est une personne qui « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ».
Etablissements et services du Pôle Demandeurs d'Asile et Réfugiés
Présente depuis sa création dans la défense des Droits de l’Homme et dans la lutte contre toute forme d’exclusion, la Fédération des œuvres Laïques est active depuis 1988 auprès des Demandeurs d’asile et des Réfugiés. Ainsi, depuis plus de 30 ans, elle est l’acteur principal tant auprès des demandeurs d’asile et réfugiés dans la Nièvre qu’auprès des services déconcentrés de l’Etat du département.

Au fil du temps et en raison de l’évolution de la demande d’asile en France et des besoins de prise en charge des personnes exilées, elle a mis en place en lien avec la Préfecture de la Nièvre et de la DDCSPP un dispositif d’accueil, d'hébergement et d’insertion couvrant au mieux les besoins de ces personnes en situation précaire :

CADA : Centre d'Accueil de Demandeurs d'Asile
CPH : Centre Provisoire d'Hébergement
Dispositif Aval CADA Nevers (dispositif d'accueil temporaire)
SHUDA (Structure d'Hébergement d'Urgence pour Demandeurs d'Asile)
Service de Domiciliation

http://www.fol58.org/fr/pages/action-sociale/pole-refugies-et-demandeurs-d-asile.html


 

Victimes de la « Forteresse Europe »,
les réfugiés meurent en mer et sur les routes

Le bilan des victimes parmi les réfugiés désespérés qui fuient les zones de guerres du Moyen-Orient et d’Afrique continue de s’alourdir alors qu’on assiste à d’épouvantables scènes qui dépassent tout ce qu’on a vu en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

La grande majorité des réfugiés cherche à échapper à la violence déchaînée contre leurs foyers et leurs familles par les puissances impérialistes, les Etats-Unis et leurs complices, la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et les Pays-Bas.

Ayant réussi à fuir leurs pays d’origine, Syrie, Irak, Afghanistan, Libye ou d’autres pays d’Afrique de l’Est et de l’Ouest, les réfugiés rencontrent encore des violences à chaque moment. Aux mains des polices des frontières, des gardes-frontières et de passeurs comme ceux qui ont asphyxié des réfugiés dans les cales d’un bateau ou la remorque d’un camion, et de la part de bandes néo-nazies en Saxe, que la police allemande a laissé faire.

Plus de 300.000 réfugiés ont déjà franchi la Méditerranée cette année, plus déjà qu’en 2014 selon l’ONU et les statistiques de l’UE. Ceci inclut les quelque 180.000 qui ont tenté la courte traversée de la côte turque jusqu’aux îles grecques et ont transité à pied par la Grèce, la Madédoine et la Serbie pour rejoindre la Hongrie et de là, le reste de l’Europe.

La prévision de l’ONU cette semaine, que 3.000 migrants par jour prendrait cette route des Balkans, représente un taux annuel de plus d’un million de personnes, la plupart fuyant la guerre civile en Syrie fomentée par Washington et entretenue par les armes livrées par ses alliés comme l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie.

100.000 autres réfugiés ou plus ont fait la traversée, plus dangereuse encore, de la Libye à l’Italie. 2.500 personnes au moins y ont déjà perdu la vie cette année. Ce bilan s’est encore alourdi jeudi et vendredi dernier lorsque deux nouveaux bateaux ont chaviré au large des côtes libyennes.

150 corps au moins ont été retrouvés après ces deux catastrophes affectant un petit rafiot avec peut-être une centaine de personnes et un chalutier transportant plus de 400 personnes. Le Croissant rouge libyen a dit vendredi à des représentants de l’ONU ne pas disposer de suffisamment de sacs mortuaires pour toutes les victimes, plus nombreuses, du deuxième naufrage.

La plupart des victimes embarquées sur le chalutier étaient enfermées dans la cale du bateau lorsqu’il a coulé peu de temps après avoir quitté le port de Zuwarah et furent pris au piège. Une centaine furent secourus à temps. Ces migrants étaient principalement des Africains ont dit les responsables.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a dit que les 22 et 23 août, 4.400 migrants avaient été repêchés en Méditerranée près de la Sicile, ce qui en fait l’un des week-ends les plus chargés de l’année en fait de sauvetage.

L’horrible tragédie de l’autoroute A4 entre Budapest et Vienne montre les dangers mortels affrontés par les réfugiés sur les itinéraires soi-disant plus sûrs de la terre ferme. Les corps de soixante et onze personnes, cinquante-neuf hommes, huit femmes et quatre enfants (une fillette de moins de deux ans et trois garçons entre huit et dix ans) ont été retrouvés dans un camion frigorifique abandonné.

Un employé de la société autrichienne d’autoroute Asfinag, appelé pour une panne près du Lac de Neusiedl, avait découvert le camion en stationnement sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute; des fluides de corps en décomposition coulaient déjà du véhicule. La police a remorqué le camion jusqu’au service vétérinaire de Nickelsdorf, près de la frontière hongroise, où des enquêteurs ont sorti les morts et examiné le véhicule avant de transporter les corps à l’Institut médico-légal de Vienne.

La cause des décès serait la mort par asphyxie. Le compartiment frigorifique du camion, destiné au transport de viande de volaille, ne disposait pas de bouches d’aération. Des bosses sur une paroi du véhicule témoignent des scènes horribles qui ont du se passer à l’intérieur alors que les réfugiés tentaient désespérément d’échapper à la suffocation.

Vendredi, suite à l’analyse des informations livrées par la vidéosurveillance de plusieurs postes de péage, la police hongroise a interpellé quatre personnes, trois Bulgares et un citoyen hongrois, propriétaires et chauffeurs présumés du camion. Depuis, médias et politiciens multiplient les tirades contre les passeurs criminels. Selon des estimations, chacun des 71 réfugiés a dû payer son voyage jusqu’à mille euros.

Les passeurs ne peuvent faire ce trafic juteux que parce que les Etats membres de l’UE ont hermétiquement fermés leurs frontières. Ces derniers cherchent à empêcher ceux qui fuient la guerre et le terrorisme de franchir les frontières à l’aide de clôtures et de fils de fer barbelés et par de sévères contrôles policiers et des chiens d’attaque.

« Quiconque veut vraiment mettre fin au trafic des passeurs les priverait de leur base d’activité, c’est-à-dire qu’il ouvrirait les frontières aux réfugiés, » a écrit à juste titre Florian Hassel dans le Süddeutsche Zeitung. « Les politiciens européens, » a-t-il ajouté, « ne sont pas prêts à le faire. »

Le camion rempli de cadavres a été découvert alors que se tenait au palais impérial de Vienne le sommet des dirigeants des Balkans de l’Ouest. La chancelière Angela Merkel, le chancelier autrichien Werner Faymann et la haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini y rencontraient les dirigeants de six pays des Balkans. L’objectif de la réunion était d’arriver à un accord sur un meilleur contrôle des itinéraires des réfugiés et un renforcement des frontières extérieures de l’UE.

Merkel a réagi à la nouvelle de la tragédie en disant qu’il était nécessaire d’aborder la question des migrants « rapidement et dans l’esprit de solidarité propre à l’Europe. » Dans la pratique de son gouvernement, cela se traduit par le fait que celui-ci veut déclarer le Kosovo, le Monténégro et l’Albanie « pays d’origine sûrs » afin de déporter plus rapidement les gens venant en Allemagne depuis ces pays.

C’est ce que le ministre allemand de l’Intérieur, de Maizière avait exigé deux jours auparavant. Il veut aussi accélérer la déportation des réfugiés, réduire les prestations sociales et remplacer les prestations en argent par des prestations en nature dans le but de décourager les réfugiés de venir en Allemagne.

En Autriche, le gouvernement de coalition entre sociaux-démocrates et conservateurs réagit lui aussi durement envers les réfugiés. La ministre de l’Intérieur Johanna Mikl-Leitner a réagi à la récente crise des réfugiés en exigeant des contrôles aux frontières encore plus restrictifs et des sanctions encore plus sévères contre les passeurs.

La veille, le ministre autrichien des Affaires étrangères, Sebastian Kurz, avait réclamé au journal télévisé « Zeit im Bild » une politique d’asile plus sévère, « des contrôles frontaliers plus intenses » et des « procédures rapides » pour les demandeurs d’asile. Il a cité la Hongrie, qui construit une clôture de quatre mètres de haut sur les 175 km de sa frontière sud, comme modèle et a menacé que d’autres membres de l’UE « et pas seulement les Hongrois, prendr[aient], nous aussi peut-être, des mesures qui ne sont pas tellement agréables. »

Un plan en cinq points présenté par Vienne inclut également le recours à la force pour combattre les bandes criminelles et les forces de l’EI au Moyen-Orient. L’UE avait déjà soumis un plan en mai prévoyant une intervention militaire en Libye. Ceci reviendrait à une nouvelle extension des guerres qui sont la principale cause de la fuite forcée de ces millions de gens.

L’attitude des puissances impérialistes à l’égard de la population syrienne est particulièrement cynique. Il y quatre ans, elles avaient avancé le meurtre de Syriens par le gouvernement Assad comme prétexte pour intensifier une campagne de subversion et de violence en vue de renverser le régime Assad. Mais lorsque des millions de Syriens fuient les champs de la mort que cela a produit, ils sont diabolisés comme des envahisseurs, une menace pour les emplois et le système d’assistance sociale de la population européenne, à déporter ou à emprisonner.

Les soixante et onze réfugiés trouvés morts en Autriche venaient probablement de Syrie car un document de voyage syrien aurait été trouvé parmi les corps. Cela signifie qu’ils avaient accompli un périple exténuant de 3.500 kilomètres. Un nombre croissant de Syriens fuient vers la Turquie, puis vers les Balkans en traversant la Mer Egée, et de là se dirigent vers l’Europe occidentale depuis que la route de l’Afrique du Nord vers l’Italie s’est révélée si dangereuse et que la Méditerranée devient de plus en plus un véritable charnier.

Marianne Arens et Patrick Martin

http://www.mondialisation.ca/victimes-de-la-forteresse-europe-les-refugies-meurent-en-mer-et-sur-les-routes/5473272


 

A Amman, le chef de l'humanitaire de l'ONU appelle à soutenir davantage les réfugiés syriens et leurs pays d'accueil

Vue du camp de réfugiés de Za’atari, en Jordanie, qui abrite des milliers de réfugiés syriens. Photo : UNHCR / C. Herwig

21 septembre 2015 – Le chef de l'humanitaire des Nations Unies a conclu ce weekend une visite en Jordanie par un appel à la communauté internationale en faveur du renforcement d'urgence de l'aide aux réfugiés syriens et aux pays voisins dans lesquels ils ont trouvé refuge.

« La communauté internationale a fait preuve d'une grande générosité au cours des dernières années dans sa réponse à la crise humanitaire en Syrie et dans la région. Mais une part disproportionnée du fardeau est retombée sur les pays voisins », a déclaré dimanche le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires, Stephen O'Brien, lors d'une conférence de presse dans la capitale Amman.

« Cela inclut notamment la Jordanie, qui a maintenu ses frontières ouvertes pour accueillir des millions de personnes fuyant la brutalité de la guerre [en Syrie] », a-t-il ajouté.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), près de 630.000 réfugiés syriens sont actuellement enregistrés en Jordanie. Un nombre bien plus élevé aurait cependant trouvé refuge auprès des communautés locales jordaniennes, sans avoir fait l'objet d'une procédure d'enregistrement.

Dans la journée de samedi, M. O'Brien a rendu visite à des réfugiés du camp de Za'atari, le plus grand important du pays, qui accueille 80.000 Syriens. Le Secrétaire général adjoint a également rencontré une famille syrienne dans le camp de Marka.

« Les voisins de la Syrie ont atteint un point de rupture et le reste du monde doit de toute urgence les aider à partager la responsabilité de répondre aux besoins humanitaires créés par la crise en Syrie et de soutenir les personnes les plus vulnérables », a souligné M. O'Brien, qui est également le Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU.

L'OCHA a noté à plusieurs reprises que les besoins humanitaires engendrés par la crise en Syrie dépassent de beaucoup les ressources disponibles. A ce jour, seuls 38% des 7,4 milliards de dollars nécessaires pour répondre aux besoins humanitaires en Syrie et dans les pays voisins en 2015 ont été perçus.

« Je remercie ceux qui ont déjà intensifié leur soutien, mais je dois maintenant inviter l'ensemble de la communauté internationale à faire davantage pour soutenir la Jordanie et les autres pays de la région, afin de renforcer leur soutien aux opérations humanitaires », a appelé M. O'Brien.

http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=35600



Des pays limitrophes saturés

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, quatre millions de réfugiés syriens ont été accueillis principalement dans trois pays : la Turquie, le Liban et la Jordanie. Ces pays, voisins de la Syrie ont atteint leurs limites. En Jordanie, le camp Zaatari, en plein milieu du désert, près de Mafraq, accueille 180.000 personnes. C'est devenu la quatrième ville de Jordanie en termes de population. Dans ce camp, qui a été décrit comme "une prison à ciel ouvert", impossible de sortir sans autorisation ou même de travailler. Plus de papiers d'identité, mais de simple "cartes de réfugiés", les habitants du camp sont menacés d'expulsion et de renvoi dans leur pays d'origine s'ils sont surpris en train de travailler en dehors du camp. Des pays comme la France et la Grande-Bretagne financent ces camps, de manière à retenir les réfugiés dans leur région et à contenir l'afflux de migrants qui déferle vers l'Europe. Dans ces camps, il n'existe donc aucune perspective d'avenir et c'est pourquoi beaucoup décident de partir.


 

Pourquoi les pays du Golfe n'accueillent pas de réfugiés

L'Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, Oman et les Emirats arabes unis, restent très discrets en matière d'accueil de réfugiés. De leur côté, ceux qui prennent le chemin de l'exil évitent à tout prix ces Etats, où ils ne sont pas les bienvenus. Si beaucoup de réfugiés syriens ont été accueillis dans des pays voisins comme la Turquie, le Liban ou la Libye ou la Jordanie, ce n'est pour eux qu'une escale, avant de rejoindre l'eldorado européen.

Des lois restrictives et un accès plus que limité

Il est presque impossible pour les réfugiés de passer les frontières des pays du Golfe. La plupart d'entre eux savent qu'une fois arrivés, ils risquent d'être renvoyés dans leur pays d'origine. Par ailleurs, le Qatar ne fait pas partie des pays ayant signé la convention de Genève de 1951 qui a créé le statut de réfugié et qui oblige les pays à accorder l'asile aux personnes fuyant les conflits et les persécutions. Ainsi, ces derniers ne peuvent pas être reconnus en tant que tel au Qatar, et ne peuvent donc pas venir y demander l'asile. "Les pays du Golfe considèrent que l'accueil de réfugiés favoriserait un appel d'air qui viderait encore plus les pays de leur population, or ils veulent que les habitants restent dans leur pays d'origine", explique Mathieu Guidère, spécialiste de géopolitique dans le monde arabe. De plus, selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), aucun des pays du Golfe n’a proposé de relocaliser sur son sol une partie des Syriens qui ont fui leur pays.

L'aide financière, argument infaillible pour refuser les migrants

Les monarchies du Golfe, mises en cause pour ne pas accueillir de réfugiés ont appelé mardi "la communauté internationale à assumer ses responsabilités pour aider les réfugiés syriens", lors du Conseil de coopération du Golfe (CCG), composé de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, du Koweït, d'Oman et du Qatar. A travers le communiqué rédigé au terme de la réunion, les ministres ont tenu à rappeler que leurs pays avaient apporté une aide financière et humanitaire, "en coordination avec les gouvernements de pays d'accueil ou des ONG", à des centaines de milliers de syriens, réfugiés au Liban et en Jordanie par exemple. Le Koweït, est le deuxième contributeur à la réponse financière. En juin dernier, le pays a versé 121 millions de dollars à l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, pour appuyer leurs efforts face à la crise humanitaire résultant de la crise prolongée en Syrie.

Des pays limitrophes saturés

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, quatre millions de réfugiés syriens ont été accueillis principalement dans trois pays : la Turquie, le Liban et la Jordanie. Ces pays, voisins de la Syrie ont atteint leurs limites. En Jordanie, le camp Zaatari, en plein milieu du désert, près de Mafraq, accueille 180.000 personnes. C'est devenu la quatrième ville de Jordanie en termes de population. Dans ce camp, qui a été décrit comme "une prison à ciel ouvert", impossible de sortir sans autorisation ou même de travailler. Plus de papiers d'identité, mais de simple "cartes de réfugiés", les habitants du camp sont menacés d'expulsion et de renvoi dans leur pays d'origine s'ils sont surpris en train de travailler en dehors du camp. Des pays comme la France et la Grande-Bretagne financent ces camps, de manière à retenir les réfugiés dans leur région et à contenir l'afflux de migrants qui déferle vers l'Europe. Dans ces camps, il n'existe donc aucune perspective d'avenir et c'est pourquoi beaucoup décident de partir.

L'Europe, un eldorado rêvé par les réfugiés

Si les pays du Golfe refusent les migrants, eux non plus, ne rêvent pas de s'y rendre. Ils préfèrent se lancer dans un long périple, dangereux et incertain, vers l'Europe. "L'Europe aujourd'hui, dans ses déclarations et dans sa manière de faire, présente une politique très accueillante à l'égard des migrants", explique Mathieu Guidère. Les risques encourus pour rejoindre l'Europe sont très nombreux. Depuis l'an dernier, plus de 3.000 migrants ont perdu la vie en mer, sans que les migrants ne se découragent.

Selon Mathieu Guidère, tout est une question de calcul : "si vous arrivez jusqu'en Europe sain et sauf, les avantages par la suite sont beaucoup plus importants que dans les pays du Golfe. Si vous arrivez dans les pays du Golfe, vous n'avez aucun accueil, aucun avantage et vous et vous êtes immédiatement refoulé. Alors qu'en Europe, vous pouvez y restez à vie." Cette politique des pays du Golfe s’explique par la peur de changer leur équilibre démographique, "les Qatari ont déjà une population étrangère qui fait office de main d'œuvre et qui fait cinq fois la population locale", décrit Mathieu Guidère avant d'ajouter "ils ne peuvent donc pas, proportionnellement, encore accueillir plus d'étrangers. En France, la population étrangère ne représente que 5% à 7% de la population totale. Au Qatar, c'est plus de 80%." Les travailleurs migrants au Qatar sont souvent appelés à repartir après quelques années et leur permis est révocable à tout moment, une situation inenvisageable en Europe.

jeudi 17 septembre 2015 / Valentine Arama - leJDD.fr



Les Syriens indésirables dans le Golfe

Arabie Saoudite, Bahreïn, Qatar, Emirats arabes unis, Oman, Koweït. Autant de pays riches, arabophones, musulmans, moins éloignés de la Syrie que ne l’est l’Europe et donc en théorie tout indiqués pour accueillir des réfugiés syriens. Pourtant, leurs portes restent hermétiquement closes. Une attitude qui commence à faire des remous dans les réseaux sociaux.

Inlassablement, les organisations internationales en charge des réfugiés ou les associations des droits de l’homme rappellent l’Europe à l’ordre. A raison, puisque depuis des mois que dure et s’aggrave la crise humanitaire des migrants, elle est loin de montrer le meilleur d’elle-même. Son incapacité à coordonner et à accueillir les milliers de personnes en détresse qui viennent lui demander refuge, à commencer par les Syriens, suscitent de sévères critiques. Un certain nombre d’autres pays dans le monde n’en font pas plus, voire bien moins mais ne soulèvent pas autant d’indignation. A l’image des pétromonarchies du Golfe qui, depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, n’ont enregistré aucun réfugié syrien.

"Il est essentiel que les Etats membres et les institutions de l'UE remédient aux lacunes actuelles en matière d'asile et d'accueil". Le 7 août dernier, le Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations-Unies a fait une critique lapidaire des conditions réservées aux réfugiés dans l’espace européen, pointant tout particulièrement la France et le Royaume-Uni. En juin, c’est la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme) qui exhortait les dirigeants européens à se mettre enfin d’accord sur une politique migratoire commune.

N’y-a-t-il pas un risque d’effet domino pour la Jordanie, la Turquie ou le Liban ? Le poids des réfugiés sur ces pays ne risque-t-il pas de révéler d’autres clivages ? Marc Lavergne, Directeur de recherche au CNRS-GREMMO

Parmi les Etats salués pour leurs efforts vis-à-vis des réfugiés syriens ou irakiens, la Turquie, la Jordanie et le Liban font figure d’exemple. Sans offrir des conditions d’accueil et d’intégration idéales, loin s’en faut, ils ont au moins permis aux exilés d’échapper à la guerre et aux persécutions. Mais les conflits en cours dans la région perdurent et pèsent de plus en plus lourdement tant au niveau financier que sociétal sur ces pays. Submergés, ils en viennent à refermer leurs portes.

En avril 2015, Marc Lavergne, Directeur de recherche au CNRS-GREMMO, posait la question : "Le déplacement massif des populations syriennes peut également mettre en péril les Etats d’accueil. N’y-a-t-il pas un risque d’effet domino pour la Jordanie, la Turquie ou le Liban ? Le poids des réfugiés sur ces pays ne risque-t-il pas de révéler d’autres clivages ? Mais le désintérêt ou la lassitude des grandes puissances face à cette crise syrienne ne va pas aider à la résolution de l’ensemble de ces problèmes dans la région".

Des millions de dollars pour se dédouaner

Le Qatar n’a pas de réfugiés car selon son émir : "il y a assez d’esclaves".

Site parodique algérien El-mancha

De fait, la solidarité avec leurs coreligionnaires n’a pas gagné tous les pays du Moyen-Orient. Dans un rapport intitulé "La lamentable réponse du monde à la crise des réfugiés syriens" publié en décembre 2014, Amnesty International dénonçait, entre autres, l’attitude des États du Golfe Persique : "L’absence totale de promesses d’accueil émanant du Golfe est particulièrement honteuse. Les liens linguistiques et religieux devraient placer les États du golfe Persique au premier rang des pays offrant l’asile aux réfugiés qui fuient la persécution et les crimes de guerre en Syrie." Dix mois plus tard, l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, le Qatar, les Emirats arabes unis, Oman et le Koweït affichent toujours la même non volonté de faire entrer les exilés syriens sur leurs territoires.

Sur les quatre millions de réfugiés syriens recensés par l’UNHCR, aucun ne se trouve dans la péninsule arabique. Seuls quelques rares Syriens privilégiés issus de classes aisées et hautement qualifiés, comme des avocats ou des médecins, peuvent encore obtenir visas et permis de travail devenus horriblement coûteux. En aucun cas, ils ne sont acceptés sous un statut de réfugié.

Outrés de voir "leurs frères musulmans" ainsi abandonnés, des citoyens des pays du Golfe ont entamé une campagne de protestation sur les réseaux sociaux :

#kiyiyavuraninsanlik One of Ummah's greatest political problems r rulers in Muslim world caring not for her affairs. pic.twitter.com/qFhuX11zEE
— Umm Talha (@latteofmylife) 3 Septembre 2015

"Syria crisis: Gulf States should open their doors to Syrian refugees" - spot on from @SultanAlQassemi http://t.co/wAC79m7T4S
— Mehdi Hasan (@mehdirhasan) 3 Septembre 2015

Accueillir des réfugiés syriens est un devoir. Nombre d’entre eux considèrent que les millions de dollars versés par leurs dirigeants pour financer les programmes d’aide humanitaire destinés aux Syriens ne sauraient les exempter de toute autre forme de soutien. En Algérie, le site parodique El-manchar avance que le Qatar n’a pas de réfugiés car selon son émir : "il y a assez d’esclaves".

Ressources financières, capacité d’accueil, proximité géographique et culturelle, ces pays – parmi les plus riches au monde - ont en effet tous les moyens d’offrir un espace protégé et digne aux Syriens fuyant la guerre. Mais, comme le fait remarquer Nicholas Mac Geehan, chercheur spécialisé sur les pays du Golfe et membre de Human Rights Watch, ces Etats "veulent maintenir une surveillance étroite sur leur population et contrôler qui vient chez eux. L’arrivée massive de ressortissants étrangers est perçue comme un facteur potentiel de déséquilibre et de trouble".

S’il existe une obligation pour les pays arabes, il s’agit plutôt d’une obligation morale. Nicholas Mac Geehan, chercheur

Le concept d’asile n’existe nulle part dans le Golfe. Il faut d’ailleurs noter qu’aucun de ces pays n’a ratifié la Convention internationale de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés. Selon le droit international, une demande d’asile ne peut être faite depuis l’étranger. Il n’y a donc aucune obligation pour aucun Etat d’accepter ces demandeurs tant qu’ils se trouvent hors de ses frontières. Nicholas Mac Geehan estime que "S’il existe une obligation pour les pays arabes, il s’agit plutôt d’une obligation morale. Dans la mesure où, par exemple, les Emirats ou l’Arabie saoudite participent directement à des conflits comme au Yémen ou en Syrie, leur responsabilité est en jeu. Pour autant ils ne se montrent pas très concernés par les effets".

http://info.arte.tv/fr/les-syriens-indesirables-dans-le-golfe


 

Pourquoi les réfugiés syriens ne vont pas dans les pays du Golfe

A l’heure où la planète s’émeut enfin du drame des migrants, secouée soudain par la photo du petit Aylan, l’enfant syrien échoué sur une plage turque, la question de l’accueil de ses milliers des réfugiés syriens se retrouve au centre des débats.

Les pays européens, divisés jusqu’à présent sur la politique migratoire, commencent à apporter des réponses concrètes en proposant d’accueillir davantage de réfugiés mais de plus en plus de critiques s’élèvent pour condamner les pays du Golfe accusés de ne pas accueillir de réfugiés dont le nombre dépasse désormais les 4 millions.

Dans un rapport publié en décembre dernier, l’ONG Amnesty international notait en effet que les six pays du Golfe –soit l'Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, Oman, Bahreïn et les Émirats arabes unis– n'avaient proposé aucune place d’accueil aux réfugiés syriens.

LIRE AUSSI : Les pays riches n'accueillent qu'un nombre "dérisoire" de réfugiés syriens, selon Amnesty

"Officiellement, les Syriens peuvent demander un visa touristique ou un permis de travail pour entrer dans un des états du Golfe", souligne un article de la BBC intitulé "Pourquoi les migrants ne fuient pas vers les pays du Golfe".

"Mais la procédure est coûteuse et il y a une perception répandue que la plupart des pays du Golfe ont mis en place des restrictions non-écrites qui rendent, en pratique, difficile aux Syriens d’obtenir un visa".

Les pays du Moyen-Orient accueillent la majorité des réfugiés
95% des réfugiés originaires de Syrie sont accueillis dans cinq principaux pays de la région : la Turquie, le Liban, la Jordanie, l’Irak et l’Égypte, relève le rapport d’Amnesty International. Avec plus de 1,2 millions de réfugiés, le Liban a vu sa population augmenter de 26 % et la Jordanie de près de 10%.

Solidarité citoyenne, réticence des autorités

Face à cette réalité politique et à la multiplication des drames de réfugiés, des habitants des pays du Golfe ont lancé une campagne sur les réseaux sociaux sous le hashtag (#Accueillir_des_réfugiés_syriens_est_un_devoir_du_Golfe) appelant leurs gouvernements à se montrer plus accueillant.

"Autoriser les réfugiés syriens à s’installer aux Emirats arabes unis n’est pas, à long terme, dans l’intérêt de ceux qui fuient la guerre", a réagi, jeudi 3 septembre, un dirigeant du gouvernement, en réponse aux critiques.

"Le gouvernement continuera à aider les réfugiés à travers une aide humanitaire tout en continuant à autoriser ceux qui ont déjà des proches aux Emirats arabes unis à les rejoindre", a poursuivi ce dirigeant dans un courriel adressé à l’agence Bloomberg, en précisant que l’aide humanitaire dépasse déjà les 537 millions de dollars.

Préférences européennes

Quant à la route vers les pays du Golfe, ce choix n’est pas évident, relèvent plusieurs spécialistes de la région.

"Ce n'est pas un hasard si un réfugié syrien préfère risquer la mort pour rejoindre l'Europe plutôt que d'aller en Arabie Saoudite. Là-bas, il sait qu'il n'a aucune chance d'être aidé, d'avoir droit à un traitement humain, de bénéficier de lois claires. Il est persuadé que l'Europe, c'est aussi (encore ?) le respect de l'individu et de la loi […] ", écrit, ce vendredi sur son mur Facebook le journaliste et chroniqueur algérien Akram Belkaïd.

Une réalité affirmée par les réfugiés eux-mêmes. "En Europe, je peux bénéficier d’un traitement pour ma polio, éduquer mes enfants, avoir un abris et vivre une vie honorable", confiait à l’agence Bloomberg un Syrien réfugié à Beyrouth.

"Certes, Il y a des Syriens, des Egyptiens, des Palestiniens qui vivent dans le Golfe. Ils y travaillent, y gagnent de l'argent, mais savent qu'un faux pas, comme par exemple émettre un jugement politique, peut leur valoir l'expulsion. Et cela vaut pour tous les pays du Golfe […]", ajoute le journaliste Akram Belkaïd.

Sans compter les obstacles géographiques: "Mais pourquoi voulez-vous donc que les réfugiés fuient vers l'Arabie Saoudite? Vous avez vu une carte?", s’emporte l’historienne Malika Rahal dans un poste Facebook, précisant non sans ironie, "les gens visent la Turquie, Malte, Chypre, la Grèce et même le Maghreb. Des endroits qu'ils ont des chances d'atteindre, quoi. Bizarrement, ils ne se précipitent pas pour traverser le désert du Rob3 el-Khali pour tomber, s'il jamais ils survivaient, sur des bases américaines en rang serrés et ultra équipées".

HuffPost Algérie | Par Nejma Rondeleux

http://www.huffpostmaghreb.com/2015/09/04/refugies-syrie-pays-golfe_n_8090040.html



Le mur meurtrier de la Méditerranée :
L’assassinat institutionnel de masse de l’Union européenne

3419 migrants sont morts en 2014 en tentant de traverser la Méditerranée selon l’agence de Nations-Unies pour les réfugiés(1). Ce chiffre macabre fait de la Méditerranée la frontière la plus meurtrière, le nombre total de décès pour le monde entier étant de 4272. Sur une durée plus longue ce sont plus de 20 000 migrants qui ont perdu la vie depuis l’an 2000. La tendance est de surcroît à une hausse permanente, l’année 2014 ayant battu tous les records en laissant loin derrière le précédent pic qui était de 1500 décès en 2011. Les discours politiques et médiatiques construisent chaque nouveau drame comme des catastrophes imprévisibles sur lesquelles les gouvernements européens n’auraient aucune prise et aucune responsabilité. Le discours de la catastrophe cache un processus d’assassinat de masse de l’Union Européenne.



Les angles morts sur les causes structurelles

Le premier angle mort des discours politiques et médiatiques est celui des causes économiques poussant des dizaines de milliers d’Africains à risquer leurs vies dans des traversées qu’ils savent meurtrières. Depuis les indépendances politiques de la décennie 60, d’autres mécanismes que l’occupation militaire directe sont venus prendre le relais pour assurer la reproduction du « pacte colonial » c’est-à-dire la construction des économies africaines selon les besoins de l’Europe et non selon les besoins des peuples africains. Sans être exhaustif rappelons quelques-uns de ces mécanismes.

Les accords de coopération économique, financière et monétaire que les différents pays européens imposent aux pays africains impliquent une vente des matières premières à des coûts inférieurs à celui du marché mondial et interdisent la taxation des produits importés d’Europe. Prenons l’exemple du dernier accord signé entre l’Union Européenne et les 15 États de l’Afrique de l’Ouest dit « Accord de partenariat économique » (APE). Cet accord interdit la taxation des 11, 9 milliards d’euros de produits importés par l’Union Européenne en 2013. Il met ainsi l’agriculture vivrière locale en concurrence avec l’agriculture industrielle européenne poussant à la misère des centaines de milliers de paysans. Les conséquences coulent de source :
« Cet Accord renforcera une migration massive de populations privées d’avenir dans leur pays, dans une situation où la population d’Afrique de l’ouest fera plus que doubler d’ici 2050, atteignant 807 millions d’habitants (contre 526 millions pour l’UE à la même date), et dans un contexte de réchauffement climatique particulièrement accentué dans cette région.(2) »

Le caractère exploiteur de ces accords est tel que le professeur Chukwuma Charles Soludo, déclare le 19 mars 2012 que l’APE d’Afrique de l’Ouest constitue un (AO) « second esclavage(3). Mais l’APE n’est que la systématisation à grande échelle de logiques de mises en dépendance antérieures comme « l’aide liée » imposant le recours aux entreprises françaises en échange d’un financement de projets d’aménagement, les Plans d’Ajustement Structurel imposant des réformes libérales en échange d’un crédit ou d’un report de remboursement d’une dette, ou pire encore l’institution du Franc CFA qui permet le contrôle des politiques monétaires de la zone franc. Ces causes directes de la paupérisation africaine et de la pression migratoire sont tues par le discours politique et médiatique dominant. Elles démentent l’idée d’une catastrophe imprévisible sur laquelle l’homme n’aurait aucune prise. Le discours médiatique de la catastrophe n’est qu’un processus de masquage des causes économiques structurelles.

Bien sûr de tels mécanismes ne sont possibles que par le recours direct ou indirect à la force allant de l’assassinat des opposants à ces politiques en passant par les coups d’Etats ou les guerres ouvertes. C’est la raison de la fréquence des interventions militaires européennes directes ou indirectes en Afrique. Si la France est la plus présente dans ces aventures guerrières en Afrique c’est sur la base d’une délégation européenne. Face à la montée des puissances émergentes, face à la concurrence économique états-unienne et chinoise, l’Europe mandate ainsi la France pour la défense des intérêts de l’ « Eurafrique » c’est-à-dire pour la consolidation d’un néocolonialisme socialisé à l’échelle de l’Union Européenne. Cette « Eurafrique » économique et militaire est un vieux projet de certaines fractions du capital financier européen. Elle a été freinée par les concurrences entre les différents pays européens qui tendent à être mises au second plan du fait de l’exacerbation de la concurrence liée à la mondialisation capitaliste. Voici comment Aimé Césaire alertait déjà en janvier 1954 sur l’Eurafrique en se trompant uniquement sur la nationalité du soldat :
« Je le répète : le colonialisme n’est point mort. Il excelle, pour se survivre, à renouveler ses formes ; après les temps brutaux de la politique de domination, on a vu les temps plus hypocrites, mais non moins néfastes, de la politique dite d’Association ou d’Union. Maintenant, nous assistons à la politique dite d’intégration, celle qui se donne pour but la constitution de l’Eurafrique. Mais de quelque masque que s’affuble le colonialisme, il reste nocif. Pour ne parler que de sa dernière trouvaille, l’Eurafrique, il est clair que ce serait la substitution au vieux colonialisme national d’un nouveau colonialisme plus virulent encore, un colonialisme international, dont le soldat allemand serait le gendarme vigilant(4).»

Ces guerres directes ou indirectes(5) sont la seconde cause de la pression migratoire. Ce n’est pas seulement pour survivre économiquement que des milliers d’africains risquent leurs vies en méditerranée mais pour fuir les guerres européennes et leurs conséquences en termes d’installation de régimes dictatoriaux ou pire encore le chaos comme en Lybie ou au Congo avec l’installation de « seigneurs de guerres » avec lesquels le commerce peut continuer. Le discours médiatique de la catastrophe masque également la responsabilité européenne vis-à-vis de cette cause des migrations contemporaines.


Frontex ou la création des conditions d’un assassinat de masse

Si les causes évoquées ci-dessus suffisent pour comprendre la hausse de la pression migratoire, elles ne suffisent pas à expliquer l’augmentation du nombre de décès au cours de la migration. Pour cela il faut orienter le regard vers les réponses de l’Union Européenne à cette pression migratoire. Ces réponses se concrétisent depuis 2005 par l’action de l’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne (FRONTEX). Le statut d’agence offre une autonomie importante qui a été encore renforcée le 10 octobre 2011 en l’autorisant à posséder désormais son propre matériel militaire. Les moyens financiers mis à disposition de FRONTEX sont en augmentation constante : 19 millions d’euros en 2006 et 88 millions d’euros en 2011(6).
Concrètement l’agence organise des patrouilles militaires afin de refouler les migrants vers des pays voisins d’une part et signe des accords avec des États tiers pour qu’ils fassent barrage en amont sur les candidats à la migration d’autre part. Pour mener à bien sa première mission, l’agence dispose de moyens militaires en constante augmentation mis à disposition par les États membres ou en possession propre : plus d’une quarantaine d’hélicoptères et d’avions, d’une centaine de bateaux et environ 400 unités d’équipement tels que des radars, des sondes, des caméras, etc(7). Nous sommes bien en présence d’une logique de guerre contre les migrants. De tels moyens militaires permettent à l’agence d’assurer en particulier des patrouilles fréquentes dans les eaux territoriales des États membres mais également dans les eaux internationales. La Ligue belge des droits de l’homme décrit à juste titre l’agence comme une « véritable armée au service de la politique migratoire d’une Europe forteresse, menant à armes inégales une guerre aux migrants qui n’ont rien de soldats(8) ». Cette logique de guerre conduit les candidats à la migration à des prises de risques de plus en plus importantes pour échapper à la surveillance des patrouilles de FRONTEX. La hausse du nombre de décès n’est pas le fait d’une catastrophe imprévisible mais le résultat de décisions prises en toute conscience des conséquences meurtrières.
La seconde mission de FRONTEX consistant en la signature d’accords avec les pays africains riverains de la méditerranée n’est rien d’autre qu’une externalisation du « sale boulot » pour reprendre une expression de la juriste Claire Rodier(9). Les conséquences de cette externalisation sont logiques :
« Cette externalisation qui consiste, pour les Etats européens, à sous-traiter la gestion de l’immigration irrégulière aux pays limitrophes (Maghreb, Europe de l’Est) a plusieurs avantages : d’une part, elle opère un transfert du « sale boulot » (déportations de masse, détentions arbitraires, tortures) dans des pays dont les standards sont moins élevés qu’en Europe, en permettant de s’affranchir des obligations que les lois européennes imposent en matière de respect des droits de l’homme ; d’autre part, elle participe du rapport de dépendance que l’UE entretient avec son voisinage proche. Car, aux pays concernés, on promet, en échange de leur collaboration, le financement d’actions de coopération ou des contreparties de nature politique ou diplomatique(10). »
Aux morts de ma méditerranée, il convient donc d’ajouter les sévices, les brutalités et les morts de la sous-traitance. Ce rôle d’installation des conditions de l’assassinat institutionnel de masse est, bien entendu, absent des reportages que nos médias diffusent à chaque naufrage meurtrier.

FRONTEX

Le discours médiatiques sur les passeurs

Ayant occulté les causes structurelles de la hausse de la pression migratoire et les causes de sa traduction en décès dans la méditerranée, il ne reste au discours médiatiques qu’à ne se centrer que sur les passeurs. Ceux-ci seraient les seuls responsables de la situation et la lutte contre les réseaux de passeurs est présentée comme la solution. Le centrage des discours politiques et médiatiques sur les seuls passeurs contribue une nouvelle fois à occulter les véritables raisons des drames réguliers de la méditerranée.
Nous n’avons, bien entendu, aucune sympathie pour ces passeurs. Nous devons néanmoins rappeler que tant qu’il y a une demande de migrants, il y aura une offre de passages clandestins. C’est le propre des politiques qui ne veulent pas s’attaquer aux causes d’un problème social que de n’aborder que l’offre et d’occulter la demande. S’attaquer aux seuls dealers sans s‘interroger sur la demande de « paradis artificiels » d’un nombre grandissant de citoyens, adopter une politique prohibitionniste en matière d’alcool sans s’attaquer aux causes de l’alcoolisation, etc. Les exemples sont nombreux de ces politiques hypocrites prétendant agir sur les conséquences alors que les causes restent occultées.
Confrontés à une hausse des risques de contrôle, les passeurs sont incités à se débarrasser de leurs cargaisons encombrantes le plus tôt possible et par n’importe quel moyen. « De nouveaux éléments recueillis, mardi 16 septembre, par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) sont venus confirmer la thèse selon laquelle ce sont bien les passeurs qui ont volontairement embouti le bateau de centaines de migrants avant que celui-ci ne coule » souligne Elise Vincent dans l’édition du Monde du 16 septembre 2014. Si ces criminels doivent être poursuivis et jugés, il n’en demeure pas moins que de telles pratiques ne sont possibles que parce que la politique européenne en crée les conditions.
Ces mêmes orientations politiques créent une occasion de profit en or pour la mafia par l’exploitation de ceux qui ont pu échapper à la mort. Le journaliste de l’agence Reuter décrit comme suit cette nouvelle « poule aux œufs d’or » de la mafia à Lampedusa :
« Ici, à huit heures de bateau de la Sicile, la mafia fait déjà ses affaires en accueillant des migrants dans des centres exploités par des sociétés privées sur délégation de l’Etat. C’est toujours les mêmes qui gagnent les appels d’offre depuis des années. Un migrant rapporte en subvention une trentaine d’euros par jour. Avec ces dizaines de milliers de migrants, c’est un business en or, plus rentable même que le trafic de drogue, de l’aveu d’un gangster, piégé par des écoutes téléphoniques lors d’une enquête sur la corruption à Rome. Ce qui est vrai dans la capitale sera vrai partout en Italie. Une illustration de cette organisation, c’est le scenario, toujours le même, qui précède les secours. A bord des rafiots pourris partis de Libye, il n’y a rien à manger ou à boire, pas d’essence, mais un téléphone satellitaire pour appeler au secours. Un équipement bien trop coûteux pour les passeurs. A terre, les migrants fournissent une main d’œuvre à bon marché. Dans l’agriculture pour les hommes, dans la prostitution pour les femmes. Un véritable trafic d’esclaves, et les esclavagistes sont Africains et Italiens(11). »

Les travaux de recherche sur les discriminations considèrent qu’une des formes de celles-ci est la discrimination systémique c’est-à-dire étant la conséquence d’un système et non d’une décision volontaire de discriminer. Nous pouvons emprunter le même concept en ce qui concerne les morts de la méditerranée. Certes l’assassinat de ces migrants n’est pas direct. Il est en revanche le résultat inéluctable des politiques de l’Union Européenne tant dans sa politique africaine que dans sa politique migratoire, tant dans la hausse de la pression migratoire que dans sa traduction en décès à grande échelle.

21 mars 2015 / Saïd Bouamama

Notes

(1) http://www.unhcr.fr/54871a45c.html,

(2) Communiqué de presse, Non à la signature de l’Accord de Partenariat Économique UE-Afrique de l’Ouest par le Conseil de l’Union européenne !, 11 décembre 2014, http://www.solidarite.asso.fr/IMG/p&#8230 ;

(3) Jacques Berthelot, Il est urgent d’arrêter d’imposer les APE, 16 janvier 2013, http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/po&#8230 ;

(4) Aimé Césaire, Le colonialisme n’est pas mort, La nouvelle critique, n° 51, janvier 1954, p. 28.

(5) Conférer pour aller plus loin, Raphaël Granvaud, Que fait l’armée française en Afrique, Agone, Marseille, 2009.

(6) Frontex, le bras armé de l’Europe Forteresse, demain le Monde, n° 18, mars-avril 2013.

(7) Ibid.

(8) Frontex : guerre aux migrants » – le document audio, http://www.liguedh.be/les-fichiers-…,

(9) Claire Rodier, Xénophobie Business, à quoi servent les contrôles migratoires, La Découvertes, Paris, 2012.

(10) Interview de Claire Rodier dans Libération du premier octobre 2012.

(11) Antonio Parrinello, Reuters du 17 janvier 2015.


 

Ne dites plus «migrant»

Édito

L’incroyable acte manqué des journaux français, qui ont été les seuls, en Europe, à ne pas publier en une la photo du corps d’Aylan, ce petit garçon syrien mort noyé au large des côtes turques, constitue un signal d’alarme. Qu’est-ce qui explique que, dans l’inconscient collectif médiatique, la photo d’Aylan ait été ignorée ou écartée, comme si elle illustrait un simple fait divers de plus ? Après tout, de telles photos, on en voit depuis vingt ans, au rythme des naufrages en Méditerranée, alors pourquoi la traiter différemment ? Il faut peut-être chercher la réponse dans les mots du débat français : la crise humanitaire actuelle est traitée comme une aggravation, certes spectaculaire, mais une simple aggravation d’une «vague migratoire» qui, depuis des années, vient s’échouer sur les côtes européennes, aujourd’hui italiennes et grecques, hier espagnoles. Ce n’est pas un hasard si on parle de «migrants» ou de «clandestins» et non de «réfugiés». Au fond, pour les Français, Aylan n’est qu’une victime de plus de cette «misère du monde» attirée par l’eldorado européen. Ces masses indifférenciées qui forcent nos frontières au péril de leur vie, et c’est le discours du Front national, ne sont que des «migrants-immigrés» venant au mieux voler le pain des Français, au pire importer le jihad. Le mot «migrant» est un cache-sexe sémantique qui permet de nier la spécificité du drame humain qui se joue à nos frontières, un mot connoté négativement : après tout, dans «immigrant», n’y a-t-il pas «migrant» ? Or, l’immense majorité de ceux qui cherchent à se rendre en Europe n’auraient jamais songé, il y a quelques années, à quitter leur pays : ils ne «migrent» que parce qu’ils fuient la guerre, les massacres, les persécutions, les viols, les tortures, la mort. Viendrait-il à l’esprit de quelqu’un de qualifier de «migrants» les opposants politiques ou les Juifs fuyant les persécutions nazies des années 30 ? De qualifier de «migration» les boat-people vietnamiens ou les Cambodgiens fuyant la fureur khmère rouge ? Aylan, qui n’a connu que la guerre, serait resté chez lui sans les horreurs commises par Al-Assad, les milices islamistes et l’Etat islamique.

Le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies, Frontex (l’agence européenne de surveillance des frontières extérieures), l’Allemagne et, depuis vendredi, la Commission européenne emploient les mots justes : l’Union est confrontée à une crise humanitaire, à un afflux exceptionnel de personnes (majoritairement syriennes, mais aussi irakiennes, afghanes, érythréennes) cherchant la sécurité. Parler de «migrants», c’est nier leurs souffrances, c’est interdire aux citoyens de penser le drame qui se joue, c’est anesthésier l’opinion publique : la singularité française dans le traitement du cliché d’Aylan montre que les mots pèsent de tout leur poids. Les politiques et la presse ont une responsabilité dans ce chiffre terrible : 56 % des Français refusent d’accueillir ces fameux «migrants», alors que 66 % des Allemands sont prêts à ouvrir leurs portes à ces «réfugiés» : outre-Rhin, on sait qu’ils ne peuvent qu’être renvoyés vers la misère des camps de transit ou vers la mort. Aylan était un réfugié. Le dire, c’est refuser cette lepénisation rampante des esprits.
Jean Quatremer Correspondant à Bruxelles

Par Jean Quatremer, Correspondant à Bruxelles / 4 septembre 2015 à 19:16 / Libération


 

Pozzallo: le laboratoire sicilien des centres de tri de réfugiés

Dans une lettre adressée aux présidents du Conseil européen et de la Commission européenne, Hollande et Merkel plaident pour que les dispositifs concernant les réfugiés récemment adoptés par l'Union Européenne (UE) soient appliqués "intégralement et sans délai".

La création de "hotspots" figure en tête de liste. Ces "hotspots" sont des centres de tri entre "bons" et "mauvais" réfugiés, une distinction régulièrement dénoncée par les associations qui travaillent auprès des réfugiés. Plusieurs existent déjà dans le sud de l'Italie comme à Pozzallo, laboratoire d'essai des "hotspots" où la police italienne travaille avec Frontex, l'agence européenne chargée des frontières.



Deux réfugiés au camp No Border de Vintimille / Alexis Kraland

L'objectif? Enfermer puis renvoyer les "mauvais" réfugiés chez eux, quitte à les maltraiter au passage et parfois les envoyer à la mort dans leurs pays d'origine.

Ces prisons qui ne disent pas leur nom voient les policiers y utiliser la force pour obliger les réfugiés à donner leurs empreintes digitales qui sont ensuite enregistrées dans le fichier Eurodac. A Pozzallo, en octobre 2014, des récits, témoignages et enregistrements attestent des violences subies par les réfugiés dans ces centres. Plusieurs centaines de réfugiés avaient entamé une grève de la faim contre les prises d'empreintes forcées.

A Pozzallo toujours, en mai 2015, des policiers utilisent des matraques électriques, notamment contre des mineurs qui refusent de donner leurs empreintes. Les policiers emploient également des techniques d'intimidation, les familles se voient menacées d'être séparées.

Par la suite, Barbara Spinelli, députée européenne du groupe GUE/NGL demande une enquête à la Commission européenne à propos des violences sur les réfugiés dans ces centres. La réponse à sa question tombe le 2 septembre.

"Toutes les mesures coercitives prises par les États membres doivent être proportionnées, justifiées et respecter la dignité et l'intégrité physique de la personne concernée (...) Les enfants de moins de 14 ans ne devraient pas subir des relevés d'empreintes digitales".

Pour Barbara Spinelli, la réponse de la Commission laisse à penser que les relevés d'empreintes et les violences pour les obtenir sont même justifiés à l'égard des réfugiés qui ont entre 14 et 18 ans et pour les autres personnes vulnérables comme les femmes enceintes. Selon l'eurodéputée, ces dispositions vont à l'encontre de la Convention européenne des droits de l'Homme et de la Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant.

En mai, dans un document de travail qui énumère les recommandations sur la prise d'empreintes pour le fichier Eurodac, la Commission européenne énonçait déjà que "si un certain degré de coercition est utilisé contre des personnes vulnérables, il devrait être garanti que la procédure utilisée soit spécifiquement adaptée à ces personnes".

Que faut-il alors comprendre lorsque Hollande et Merkel en appellent à "la responsabilité de chaque État membre et la solidarité de tous"? La volonté de multiplier les centres de tri de réfugiés comme le laboratoire de Pozzallo donne un début de réponse.

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