Parce que, pendant les guerres de Tchétchénie,
le père, Vakha, a soutenu les combattants, lui, sa
femme, Medna, et leurs fils, Ramzan et Oussam, ont dû
fuir leur pays. En Pologne, ils n'obtiennent pas l'asile et,
en 2010, nouveau départ : ils choisissent de venir
France.
La France (en toute légalité !)
refuse qu'ils demandent l'asile et veut les renvoyer en Pologne,
d'où ils pourront être expulsés en Ukraine,
d'où ils pourront être expulsés
en Russie. Mais, alors que la France dispose d'un délai
d'un an pour les réexpédier en Pologne, la municipalité
et les habitants du village de Barre choisissent de les accueillir.
Le temps passe, le délai est dépassé
et ils peuvent enfin déposer leur demande d'asile.
Soulagement
jusqu'à la réponse négative
: la France refuse de leur accorder sa protection.
Ils reçoivent des Obligations de Quitter
le Territoire Français et le préfet refuse de
les régulariser car ils ne remplissent pas les critères
de la circulaire " Valls ".
Ramzan et Oussam ont bien effectué en France, les 3
ans de scolarité demandés, tous deux ont de
bons résultats et leur attitude est exemplaire. Seulement,
la famille n'est en France que depuis 3 ans et demi alors
que la circulaire préconise : " une vie familiale
caractérisée par une installation durable du
demandeur sur le territoire français, qui ne pourra
qu'exceptionnellement être inférieure à
5 ans ". Ils sont en France depuis 3 ans et demi, ils
ont quitté leur pays depuis 7 ans, Ramzan et Oussam
avaient alors 5 ans et 3 ans, mais cela n'a rien d'exceptionnel
aux yeux du préfet de la Lozère !
Cette famille discrète est bien présente dans
la vie du village : échanges sur les façons
de jardiner, de cuisiner, café pris ensemble, papotages
au coin du feu l'hiver, dans la rue l'été, coups
de main
Ils sont devenus des Barrois. Comme les H'Mongs,
réfugiés laotiens, accueillis à Barre
au début des années 80. Ces derniers, partis
vivre ailleurs, reviennent toujours au village voir leurs
amis, montrer à leurs enfants les jardins que cultivaient
leurs parents et leur expliquer que c'est là qu'ils
ont leurs racines.
À Barre, on se souvient avec émotion de leur
départ : ici on n'est pas nombreux, alors quand une
famille s'en va, on a toujours un pincement au cur.
Mais que pourront répondre les parents
à leurs enfants qui vont à l'école et
au club de foot, jouent dans le village avec Ramzan et Oussam,
s'ils sont expulsés ? Quand une famille peut être
renvoyée vers un pays où enlèvements,
tortures, disparitions, exécutions sont monnaie courante,
ce n'est plus un pincement au cur que l'on ressent,
mais de la peur et de la colère.
Le Comité de soutien a fait fonctionner ses réseaux
et des manifestants, dont de nombreux élus des Cévennes
(maires, conseillers municipaux, conseillers généraux),
sont venus des vallées cévenoles, et de plus
loin pour certains, pour crier leur colère et montrer
leur détermination.
Colère parce qu'en Lozère, la famille D. et
6 autres familles (26 personnes dont 13 enfants scolarisés)
peuvent être expulsées alors que le département
a lancé une campagne de 600000 euros, pour attirer
de nouveaux habitants, avec le slogan " Vous aussi, votre
nouvelle vie est en Lozère " !
Détermination à rester vigilants
et mobilisés pour que le préfet de la Lozère,
Guillaume Lambert, régularise les 2 familles habitant
les Cévennes : la famille D. à Barre et la famille
arménienne, Sardaryan, à Florac depuis peu.
Courtoisie : Patricia Grime (RESF Lozère)
400
personnes manifestent dans les rues de Barre-des-Cévennes
: une mobilisation sans précédent en Lozère,
pour sauver une famille Tchétchène
Courtoisie : http://www.48info.fr/actualit
: Récit
en vidéo d'un moment qui restera gravé dans
les mémoires locales !