Une question
inattendue
En avril 1992 ; fatigué du climat
montpelliérain, j’achetai, à Camprieu, un chalet qui demandait quelques réparations,
dont la réfection d’un escalier extérieur, qui fut confiée à M.Jean-Pierre Reilhan, entrepreneur spécialisé. Celui-ci,
en me livrant son travail, me montra deux maîtresses poutres :
« Ça, c’est du Red Cedar , me dit-il ». Une tape
vigoureuse sur la plus proche signifiait toute la confiance que l’artisan,
habile et expérimenté, mettait dans un matériel que son client allait payer
cinq fois le prix du conifère local tout venant. La différence de prix se
discutait d’autant moins qu’il s’agissait d’un bois importé du Canada.
Cette essence n’existait pas dans
le pays.
Après une enquête infructueuse auprès des spécialistes
régionaux, forestiers ou autres, j’appris dans un prospectus -- que M.
Reilhan lui-même tenait de ses fournisseurs importateurs canadiens -- qu’il
s’agissait, en fait, du Western Red Cedar, Thuya
plicata Don. Je pus, peu après, lui faire admirer la belle allée que
Georges Fabre en planta à Saint Sauveur, voici un peu plus d’un siècle, à
partir de graines en provenance probable des collections de Vilmorin. En
Colombie Britannique, c’est la principale source de bois d’œuvre, du fait,
surtout, de sa résistance à
la pourriture. Il est connu pour apprécier les sols humides et serait donc à
sa place dans une grande partie du versant atlantique du Massif de l’Aigoual.
Il y a d’autres exemples d’essences figurant dans les arboretumsqui
n’en sont jamais sorties et sont, néanmoins, probablement susceptibles d’être
utilisées dans la région. Il y a bien, il est vrai... Ne nous attardons pas.
Les arboretums de Georges Fabre n’ont servi à rien.
J’aurais pensé qu’il était logique, pour tout esprit non prévenu,
de se demander pourquoi.
Ce n’est pas évident du tout. L’un de mes thésards – étranger
– me demanda, un jour où je lui posai une question relative à la possible
raison d’être d’une structure : « Pourquoi demandez-vous
toujours : pourquoi est-ce comme ça ? C’est comme ça parce que
c’est comme ça !». Il soutint sa thèse peu après et devint chercheur
au CNRS. Ainsi, que mon lecteur soit rassuré : si ma question, qui est : «Pourquoi
les arboretums de Georges Fabre n’ont-ils servi à rien ? »
lui paraît inutilement inquisitrice, voire oiseuse, il peut
sans crainte abandonner le sujet : il n’aura démérité ni de la science
ni de l’application qui en est faite en sylviculture.
Enquête
Ayant
fait mon affaire de mes spécificités en matière de recherche, j’avais, dès
96, posé ma question – par téléphone -- à un généticien forestier qui
m’avait répondu, très aimablement : « L’[organisme auquel
j’appartiens] ne travaille que sur le matériel expérimental qu’il s’est
constitué ». Le connaissant uniquement par les articles qu’il publie
dans une revue dont je considère le comité de lecture comme très sérieux –
je ne suis pas moi-même, hélas, en état d’avoir une opinion personnelle sur
la valeur de son travail -- je conclus qu’il s’agissait d’un crypto-généticien
forestier, qui n’avait tout simplement pas envie de me donner son opinion
personnelle. Je fus conforté dans cette idée par l’envoi qu’il me fit,
fort aimablement toujours, de l’ouvrage « Les ressources génétiques
forestières en France, Tome 1 : les conifères, INRA-BRG, 1987 ». A
la page 25, j’y trouvai une réponse à ma question, sous le titre « Arboretums
et plantations comparatives d’espèces ».
Je cite ce qui me paraît en être l’essentiel en en respectant
soigneusement l’orthographe.
« Les arboretums anciens ont été préalablement inventoriés par
J.Pourtet en 1975. Il s’agit, le plus souvent de collections à usage
dendrologique ou forestier ... généralement installés sans répétition et
avec des garanties insuffisantes sur l’origine géographique précise et le
nombre de semenciers récoltés ».
Le reste des vingt trois lignes consacrées au sujet insistent
sur le manque de précision quant à l’origine et l’écologie du matériel
utilisé comme sur l’absence d’essais répétés. Il n’est évidemment pas
question de discuter ici de la nature de la précision
réclamée, pas plus que de l’intérêt des répétitions en recherche
agronomique en général et en expérimentation forestière en particulier,
s’agissant ici du réseau d’arboretums
de Fabre. Par contre, deux remarques s’imposent à moi.
La première est qu’il semble être assez heureux que Fabre,
Deux–Deniers et quelques autres, qui reboisèrent l’Aigoual à la fin du
dix-neuvième siècle, n’aient pas attendu que des expériences précises et répétées
selon les normes actuellement en usage les aient renseignés sur l’origine,
l’identité et les mérites exacts des épicéas, mélèzes et autres pins
noirs qu’ils y trouvèrent pour constituer la hêtraie sapinière dont leurs
successeurs paraissent approximativement satisfaits en attendant que les
modernes services de recherches leur fournissent des versions améliorées de
ces essences. On peut, par ailleurs, espérer que les essais entrepris depuis
une trentaine d’années pour évaluer, sérieusement cette fois, paraît-il,
les qualités des exotiques d’il y a cent ans, n’auront pas trop à subir,
dans une nouvelle centaine d’années, les critiques des chercheurs du moment
en ce qui concerne la méthodologie du début du présent nouveau siècle.
Ma deuxième remarque est que je serais vivement intéressé par les
inventaires de Pourtet, dont je n’ai que les fragments exceptionnels qu’il
m’a fait parvenir. J’ai essayé par deux voie différentes de me les
procurer en utilisant les renseignements figurant à la page 230 de l’ouvrage
cité. Je n’ai obtenu aucune réponse à ces demandes et je serais évidemment
très reconnaissant à tout lecteur qui pourrait m’aider à une troisième démarche,
plus fructueuse.
Pour revenir à ma question, je décidai de ne pas en rester là. Nous organisâmes, M. Pierre Rutten et moi, une réunion de l’Association Camprieu Nature, qui reçut l’appui sans réserve de la Région ONF à Montpellier. Le rapport que j’en rédigeai me fut demandé pour publication par le périodique privé Forêt Méditerranéenne (a). Je n’eus, par contre, aucune réaction du coté « public ». Localement, des efforts furent faits pour rendre les principaux arboretums – La Foux, Saint Sauveur, L’Hort de Dieu, Puechagut, Alzon – visitables par les touristes et groupes scolaires. Des visites furent organisées. On y admirait les beaux arbres. Le Ministère de l’Environnement s’apprêtait à étendre son emprise sur la forêt. L’expérimentation de terrain, nécessité première en Amélioration des Plantes, avait été négligée après Fabre. Elle était désormais contestée. Elle serait bientôt interdite, au moins dans le domaine de l’Etat, en attendant mieux. Principe de précaution oblige.
La négligence du début demandait une explication . Après tout, Fabre,
en prenant son poste, en 1892, avait trouvé – j’y ai fait illusion -- une
dizaine d’essences utilisables de conifères, dont le seul pin sylvestre y
existait cent ans auparavant. Il est difficile de penser que les règlements
introduits par la suite suffisaient à eux seuls, à cette époque qui était
encore toute d’insouciance écologique, à stopper cet enrichissement.
L’invasion par le Douglas nous atteignit après la seconde guerre, à la
faveur du « Fond Forestier National » et d’on ne sait trop quelle
mode, sans la moindre restriction expérimentale
Jacques Grelu m’avait beaucoup aidé à la préparation de la
manifestation de juillet 98. Nous avions décidé, au cours de l’année précédente,
de rééditer la notice
nécrologique que Flahault avait consacrée à Fabre, document de
grande importance pour la compréhension de l’œuvre commune des deux amis –
l’institution d’une géographie botanique spécialement tournée vers la
sylviculture. En deuxième page de la couverture, j’y formulais, brièvement
mais en toute clarté, ce qui n’était plus une question mais une critique (b).
La diffusion était limitée à la région, d’une part, à des envois
personnels de l’autre. Je n’avais pas eu davantage d’échos, malgré
quelques efforts louables de la part d’agents techniques amis. Plus par un
souci un peu naïf de remercier Grelu de son aide que pour « élever la
voix », je lui proposai de présenter une note de lui, à l’appui de
mon accusation, devant une Compagnie savante, très compétente par sa
composition.
Grelu
avait été – avant d’être affecté au Gard en 84 – chef du service départemental
de l’ONF en Saône-et-Loire. Son administration lui avait attribué là un
domaine acquis des Vilmorin, Pezanin, comportant un arboretum. La réalisation
en était luxueuse : initialement, la famille Vilmorin, croyant encore
qu’il y avait un avenir pour la production de plants forestiers en France et
qu’un renouvellement des essences ne pouvait pas ne pas intervenir, comptait
sur ses propres collections pour assurer ses besoins possibles en graines avec
l’avance voulue sur ses concurrents. Toutefois, à l’époque de la mutation,
il y avait longtemps que des gestionnaires aussi intelligents qu’André de
Vilmorin avaient compris qu’en matière scientifique, le rôle du producteur
obtenteur de plants et semences était de paraître, non d’être. Etre était
beaucoup trop cher si on n’était pas – et on n’était guère – une
multinationale pharmaceutique. L’administration de Grelu n’avait pas de
position résolument contraire. Il est donc parfaitement compréhensible
qu’elle ait laissé au dévolutaire le soin de savoir si Pezanin serait mis en
martelage ou s’il reprendrait ses fonctions d’arboretum. Elle
l’avertissait seulement que la deuxième solution ne devait pas coûter plus
cher que la première.
Lorsque Grelu me raconta pour la première fois comment il avait relevé
ce défi, grâce au dévouement d’un peu tout le monde, en partant du spécialiste
international que Pourtet était toujours jusqu’à l’agent technique qu’il
avait convaincu de lui sacrifier ses week-ends, il termina en disant que quand
il eut réalisé ce travail, il n’avait plus à intervenir : il
l’avait remis à la science ; c’était aux chercheurs de donner une
suite à son travail. J’eus du
mal à le convaincre d’écrire ce qu’il disait si difficilement, à
savoir que son arboretum, pas plus que
ceux de Fabre à l’Aigoual, n’avait
servi à rien.
Encore la note de Grelu reste-t-elle d’une très grande discrétion (c).
Si les exotiques de Fabre ne se sont pas répandus, c’est parce que le
travail de reboisement en montagne est difficile et qu’après la première
grande guerre et ses massacres, à l’époque même où il aurait fallu agir,
il ne restait plus grand monde, parmi les forestiers de tous grades, pour faire
le travail. Ce sont là des faits, sans doute. Ils n’expliquent pas
l’absence des modestes essais – à la manière des programmes prospectifs
mis en œuvre par Challot au Maroc pour l’eucalyptus -- qui auraient suffi à
faire justice de la majorité des inquiétudes possibles.
Une explication plus convaincante aurait demandé moins de gentillesse et
de respect des usages. Grelu était payé --
plus exactement, il lui était arrivé de payer – pour savoir qu’en gestion
forestière, au moins autant qu’en toute autre, l’intérêt de la
collectivité, s’il n’est pas administrativement constaté, passe après la
régularité des actes et écritures, ce qui suppose l’exclusion de tout ce
qui est risque. Le reboiseur des forêts méditerranéennes ne doit planter que
ce qui a réussi chez le voisin. La chose faite, il le publie dans son journal
professionnel, afin que nul n’en ignore.
Pensant que sa modération lui vaudrait au moins de l’indulgence, sinon
une complète approbation, je présentai la note.
Elle fut refusée.
Le responsable général de la Compagnie, n’étant pas forestier lui-même,
avait dû prendre l’attache de ceux de ses confrères qu’il estimait être
les plus compétents. Il me disait, dans sa lettre de refus, qu’il ne
paraissait pas « souhaitable de publier la note de Monsieur Jacques Grelu,
car elle pourrait être interprétée comme une critique de la politique
actuelle de gestion des ressources génétiques, bien que
cela ne soit pas le propos de son auteur ».
Il paraissait assez clair, en effet, voire évident, qu’il y avait
critique et qu’elle ne pouvait pas être le propos d’un forestier aussi bien
élevé que Grelu.
Accessoirement, j’apprenais que l’arboretum de Pezanin faisait partie
du réseau d’arboretums constituant « un des maillons de la chaîne mise
en place pour – mes italiques -- assurer une gestion durable des
ressources génétiques forestières au coté des réseaux de conservation in
situ et ex situ, des plantations conservatoires et des réserves biologiques »
et je trouvais que l’arboretum de Pezanin avait bien de la chance.
J’accusai réception. En même temps, j’adressai personnellement au
responsable général, à toutes fins utiles, des exemplaires des documents
issus de nos deux manifestations antérieures, l’article de Forêt Méditerranéenne
et la notice de Flahault sur Fabre en
indiquant que je regrettai, malgré tout, de ne pouvoir faire plus pour éclairer
le débat sur les arboretums. Ayant à réaliser un travail de nature historique
sur Charles Flahault, je ne voulais pas être pris par le temps.
La tempête
Je
n’eus pas de réponse. Ma lettre datait du 15 décembre 99 : il était
bien tard pour espérer une réaction avant Noël et, tout de suite après Noël,
ou presque, eut lieu la tempête dont chacun garde le souvenir et dont les gens
bien renseignés savent qu’elle doit coûter 500 000 hectares à reboiser par
plantations (d). Les effets
secondaires, en ce qui me concerne, en furent étonnants.
Le 6 janvier 2000, le Monde publiait un article en page 10 (e).
Le texte en était banal et obscur, indiquant seulement que l’ONF en était,
pour le moins, l’inspirateur. Le titre et les sous-titres, par contre,
(La régénération de la forêt dévastée passera par une
diversification des essences. Retour sur les intempéries. Les gigantesques dégâts
remettent en cause la politique de plantation de l’ONF et de la plupart des
propriétaires privés. L’Office amorce une nouvelle gestion de son
patrimoine. Cette tempête ne devrait pas avoir de conséquences sur le prix du
papier – sic) allaient modifier officiellement ma situation vis à vis de la
Compagnie.
Le 11, une lettre amie m’apprenait que nous « n’étions plus
demandeurs » et me signalait l’embarras du responsable général – qui
n’avait attendu que la tempête, en somme, pour donner, à mon envoi du 15 décembre,
sinon une suite, du moins un très large écho. Dans ce contexte, c’est par
bonheur que j’avais fait état de mes projets de travaux historiques. Je fus
invité, par voie de circulaire, à adhérer, moyennant le paiement d’une
cotisation de 200 F, à une section spécialisée en histoire de la Compagnie.
J’adhérais. Puis, j’écrivis
« Charles Flahault, le jardinier .... » (f),
qui fut publié, sous forme d’un nouveau fascicule, toujours un peu
confidentiel, pour que la distribution en commence au début de Juillet. J’y
insérais un petit encart expliquant au public comment s’y prendre pour
visiter les arboretums et attirant son attention sur le fait qu’ils étaient,
eux aussi, gérés en réseau (g).
Je diffusai le fascicule comme le précédent. Outre un embryon de
commercialisation, je l’envoyai dans mon entourage immédiat et vers diverses
personnes plus lointaines qu’il était susceptible d’intéresser. J’y
comptai le « big chief », qui en accusa aimablement réception en
m’assurant que mon travail trouverait sa place dans la bibliothèque de la
Compagnie. J’en fus pleinement satisfait.
Dernière heure
Ce nouveau fascicule était destiné, dans mon esprit, à constituer une
machine de guerre contre les généticiens forestiers non cryptiques
et leurs méthodes de sélection de « variétés améliorées »
d’arbres forestiers. L’accueil qui lui fut fait, comme la critique, en
seront donc présentés dans une prochaine relation, consacrée à ce sujet. Je
voudrais terminer celle-ci par ce que j’appris récemment sur ma question
d’aujourd’hui, ci-dessus, par mes contacts
avec un nouveau crypto-généticien forestier, de qui j’ai fini par
obtenir qu’il accepte de m’entretenir de son travail.
Ce que nous avons dit, Grelu, moi-même et quelques autres, sur l’ histoire
de l’« abandon » des arboretums de Fabre – et, sans doute,
d’autres – est, au moins dans les grandes lignes exact. Ce que nous
n’avons pas dit, parce que nous ne le savions pas, c’est qu’après le
passage des recherches forestières du Service des Eaux et Forêts à la
Recherche Agronomique la conclusion des décideurs
avait été, devant le mauvais bilan des introductions, « d’arrêter les
programmes de recherches .sur les exotiques ».
Les raisons pour lesquelles le bilan des introductions est mauvais sont nombreuses et convaincantes. Je me suis particulièrement intéressé à l’échec de l’introduction du pin Weymouth, dont un exemplaire se trouve en bordure d’un sentier à l’Hort de Dieu. Je m’y arrêtais régulièrement avec mes visiteurs pour compter les aiguilles : il y en a cinq, ce qui rompt un peu la monotonie des descriptions. Je n’ai jamais pensé à leur faire remarquer un port évoquant – en plus majestueux -- les pins à crochet buissonnants du sommet de l’Aigoual. Les attaques de je ne sais quel insecte piqueur sont , m’a-t-on dit, responsables de la situation et cela interdirait tout espoir d’utiliser cette essence, même comme bois de chauffage, qui doit être scié comme les autres. Le pin de Weymouth fait partie en effet, avec les chênes blancs américains, des espèces qui « se sont révélées très sensibles à des pathogènes bénins pour les essences européennes ».
Ainsi, les « décideurs » reprochent-ils aux introductions de
ne pas réussir plus souvent parce qu’elles portent sur des espèces qui ne
sont pas obligatoirement bien adaptées au climat de leur choix. Au fond,
c’est un peu ce que disait Flahault : « Toute tentative
d’acclimatation est illusoire... Nous n’acclimatons pas, nous ne réussissons
à introduire un végétal d’ un pays dans un autre que s’il trouve
dans ce pays nouveau pour lui des conditions de climat et de sol identiques à
celles qu’il subit dans son pays d’origine ou très peu différentes ».
Les introductions réussissent rarement. C’est pourquoi Fabre les
multipliait et c’est pourquoi, en matière de recherches
et d’évaluation, les « décideurs » les abandonnent.
Le
cas des pathogènes a l’intérêt de s’exposer facilement. Une population
vivant dans un milieu ou tel champignon ne fait pas de dégâts parce que les
conditions de contamination y sont défavorables n’a pas tendance à y acquérir,
par sélection naturelle, des gènes de résistance
à ce champignon. Transportée dans un milieu où le champignon fait des
dégâts, elle s’y « acclimatera » difficilement. Une situation de
ce ype a été observée en Tunisie, où la tuberculose est considérée comme
relativement bénigne en milieu autochtone ; les familles originaires de Suisse,
pays de sanatoriums, semblent en souffrir beaucoup plus.
Les difficultés de l’ «acclimatation »
sont d’ailleurs généralisables aux différentes méthodes d’amélioration.
Est-on sûr, par exemple, que les épicéas retenus pour les vergers à graines
actuellement utilisés en France ont toujours été choisis pour leur bon état
sanitaire mais dans des zones où la pourriture du tronc est présente ? Je
l’espère et serais heureux d’en avoir la confirmation.
Finalement, de ces derniers contacts, ce qui précède n’est pas le
plus important. Pour mon spécialiste, si le bilan des introductions n’est pas
satisfaisant, c’est d’abord parce qu’il est impossible à établir sérieusement,
faute de moyens d’évaluation. Le « stade d’expérimentation sur le
terrain » réclamé en deuxième page de couverture du « jardinier »
(f) fait défaut pour toute amélioration,
même si le défaut est plus rapidement apparent pour les introductions. Il
revient à l’organisme chargé des recherches et à ceux qui en utilisent les
résultats de définir sur ce point et d’assumer leurs responsabilités réciproques.
Mon correspondant prend son propre exemple : « Je gère,
dit-il, une propriété forestière de 70 ha... et je travaille sur [une
certaine essence]. Je n’en plante pas parce que les risques pris lors d’une
plantation sont beaucoup trop grands. Ce cas illustre la misère de la recherche
forestière ».
Qu’est-ce donc que cette misère ? Les crédits ? Les mesures
proposées ne coûteraient pratiquement rien.
a = T4 . b = T3 . c = T5 . d = T13 . e = Le Monde . f = T9 . g = pub.